Lieu d’enfance de la reine Victoria, Kensington Palace réveille les souvenirs intimes de la femme la plus célèbre du royaume d’Angleterre. Une immersion sensible dans les arcanes de l’histoire, grande et petite. ne dame replète au visage sévère, quand la princesse Victoria apprenait à le parcours de la jeune épouse (jupon aux manières austères, drapée former ses lettres, allait à l’opéra et blanc et bottines argentées), de la mère dans des voiles noirs. C’est ainsi crayonnait des ballerines. Des objets (9 enfants, portraits à l’appui), de la veuve que la photographie a fixé la cultes comme ses cahiers d’écriture, des (7 robes de deuil). D’autres travaux d’écri- reine Victoria, ainsi que l’histoire a canonisé lettres ou des dessins sont montrés pour ture apparaissent au détour d’une vitrine. un règne de plus de soixante-trois ans. la première fois. L’atmosphère des appar- Cette fois-ci, Victoria a la soixantaine et Mais l’histoire ne coïncide pas toujours tements a été reconstituée grâce à la c’est son serviteur indien Mohammed avec le mythe. La reine Victoria était-elle scénographe Verity Quinn, qui s’est Abdul Karim qui lui apprend à écrire en aussi «victorienne» que le veut la légende ? appuyée sur un inventaire des meubles du langue ourdou. La reine se passionne pour Deux siècles après sa naissance, Kensington palais fait en 1832 pour chiner des com- la culture indienne et mange du curry tout Palace s’emploie à passer le chiffon sur le modes et des tables aux pieds tournés et en faisant crisser sa plume. Les turbans portrait fané et à mettre en lumière aux bois luisants. Les visiteurs sont invités colorés de celui qu’elle surnomme Munshi la complexité de Her Majesty the Queen. à mettre le nez dans la maison de poupée tempèrent ses humeurs sombres. Victoria de la future reine et à s’extasier devant ne s’est jamais remise de la dispartiode Ceux qui ont suivi la série de Netfl ix, The une mèche de cheveux conservée dans un son mari, le prince consort Albert de Saxe- Crown, consacrée au règne d’Elizabeth II, scrapbook de mémentos, qui appartenait Cobourg-Gotha. Le noir dont elle se pare l’arrière-arrière-petite-fille de Victoria, à sa gouvernante, la baronne Lehzen. Des n’est pas l’indice d’une morale prude, savent déjà à quel point l’histoire de petites fi gurines ont même été modelées mais au contraire le signe d’une passion la couronne anglaise recèle de secrets. – elles mettent en scène la princesse dans charnelle pour «son très très cher Albert». Vingt épisodes nous ont initiés aux ses activités du jour ou du soir, juchée sur Il reste encore à visiter la salle de la coupole dessous des cartes et des jupons. L’ex- un poney ou congédiant un secrétaire où Victoria a été baptisée. Le haut plafond position consacrée à Victoria est moins particulier. Il est possible de toucher ces à caissons est en trompe-l’œil. Certains ver- trépidante, mais à défaut de potins, on statuettes aux couleurs délicates, mais il ront dans ce décor illusionniste l’emblème bénéfi cie du décor original puisqu’elle a est interdit de les déplacer. Victoria n’est d’une royauté qui ne montre d’elle que ce vécu à Kensington Palace jusqu’à son pas un pion… qu’elle veut bien montrer. Avant de sortir, accession au trône en 1837, à l’âge de un détour par le restaurant du palais s’im- 18 ans. Des experts en restauration ont Plus loin, dans la Pigott Gallery, un autre pose. On y sert dans de jolies coupelles gratté les murs pour retrouver la tonalité accrochage rend compte du destin de de généreuses parts de forêt noire. C’était des papiers peints des années 1820-1830, Victoria devenue reine. Les salles suivent le gâteau préféré de Victoria. Jupon de coton (encolure et taille typiques Cape en soie et dentelle, vers 1860-1880. Chapeau de paille aux rubans noirs, vers 1880. de la fin des années 1830). Silk and lace cape, c. 1860-80. Straw hat with black ribbons, c. 1880. Cotton petticoat (the neckline and waist are typical of the 1830s). 93