Chaque individu, en regardant le film, crée son propre monde. À partir de chaque détail – d’une ville ou d’une prairie, d’un personnage ou d’un sujet – qui apparaît sur l’écran, chaque spectateur s’informe pour créer son propre univers. Le cinéma ne nous informe pas d’un seul et unique monde, mais de plusieurs. Il ne nous parle pas d’une réalité, mais d’une infinité de réalités. Every person creates their own world when they watch a film. With every detail that appears on-screen—a town or a field, a character or a subject—each viewer gathers information to create their own universe. Films don’t tell us about just one world, butabout several.They don’t tell us about one reality, but about infinite realities. ABBAS KIAROSTAMI Palme d’or 1997 (ex-aequo) pour Le Goût de la cerise. Extrait d’Abbas Kiarostami. Textes, entretiens, filmographie complète. Je me souviens qu’enfant, on m’emmenait au cinéma – c’était soit mon père, ma mère ou mon frère – et que ma première sensation fut de pénétrer dans un monde magique : la moquette épaisse, le parfum du pop-corn frais, l’obscurité, le sentiment de sécurité et surtout d’être dans un sanctuaire – toutes choses qui, dans ma mémoire, évoquent une église. Un monde de rêves. Un lieu qui pro- voquait et agrandissait mon imagination. I walked up to the ticket booth with my mother or my father or my brother. You’d go through the doors, up the thick carpet, past the popcorn stand that had that won- derful smell—then to the ticket taker, and then . . . you’d get a glimpse of something magical happening up there on the screen, something special . . . It was like entering a sacred space, a kind of sanctuary where the living world around me seemed to be recreated and played out. MARTIN SCORSESE Palme d’or 1976 pour Taxi Driver, Prix de la mise en scène 1986 pour After Hours. Extrait de Mes plaisirs de cinéphile. Textes, entretiens, filmographie. Excerpt from “The Persisting Vision.” 117