Pièces du salon des diadèmes de l’hôtel Baudard de Saint-James, siège de la maison Chaumet place Vendôme. Tiaras from the Salon des Diadèmes in the Hôtel Baudard de Saint-James, Place Vendôme, where Chaumet is based. n diadème, c’est dieux. Elle décore les fronts des devins et des gagnants des jeux une histoire qui Olympiques, devient sous Alexandre le Grand l’incarnation de rejoint l’histoire la dignité, puis l’Empire romain y ajoutera des émeraudes ou avec un grand H. des saphirs. L’objet fascine, car il est plus extravagant, plus Celle des dynasties intime que la couronne. Il montre la folie des grandeurs flamboyantes, des des hommes à travers les époques – leur besoin d’arborer des figures de femmes symboliques fortes, quasi primales, pour exister. On retrouve célèbres. C’est ce les épis de blé, associés à la fertilité pour les femmes, les feuilles que l’on comprend de laurier et d’acanthe, affichant ses désirs de gloire ou encore d’emblée à travers l’évé- des symboles presque ésotériques liés aux astres, aux coquillages, nement niché cet été au ou empruntés à la mythologie. sein du Grimaldi Forum, qui a fait le pari de réunir 250 pièces joaillières Bijoux de familles venues des archives de la maison Chaumet. Il ne manque Mais c’est la dimension sentimentale qui frappe le plus, sans finalement que 10 d’entre elles, dérobées à travers les siècles,doute, dans cette réunion de trésors. L’idée de passation perdues pendant les révolutions et les guerres. «En période de résonne dans toute l’exposition. Depuis le XVIII, le bijou dee crise, ce sont les bijoux qui échappent aux familles en premier»,tête scelle les unions au sein des grandes familles aristocratiques. explique Christophe Vachaudez, commissaire de l’exposition. On se le transmet entre femmes de génération en génération L’expert a traqué sans relâche, pendant un an, ces objets de – ainsi de Kate Middleton arborant celui d’Élisabeth II pour culte, sublimes, parfois curieux. «On m’appelle le Hercule son mariage. «La majorité des pièces se trouve toujours au sein Poirot du bijou», s’amuse-t-il. Il a plongé dans les archives des grandes familles, la grande-duchesse du Luxembourg par de Chaumet, pour retrouver les pièces et retracer leur trajec- exemple en possède 13», selon Christophe Vachaudez. C’est toire. La maison détient l’un des fonds les plus riches parmi dans ces lignées qu’il a fallu aller débusquer la majorité des les joailliers historiques, entreposé place Vendôme. Chaque diadèmes pour former la collection (Christophe Vachaudez a diadème était gouaché ou photographié à sa sortie des ateliers,d’ailleurs étroitement travaillé avec Stéphane Bern tout au long ce qui permet de facilement reconnaître ses modèles. Pour du projet). Il n’a toutefois pas été facile d’en obtenir le prêt : les retrouver, il a fallu mener une véritable enquête à traversles propriétaires ont souvent eu du mal à s’en séparer quelques les arbres généalogiques alambiqués des grands ducs et princes,mois. «C’est émouvant, car ces familles ne parlent jamais en traquer les ventes aux enchères, retrouver le mécanisme termes de diamants ou de pierres, mais de valeur sentimentale.» ingénieux de certains diadèmes (quelques-uns ayant été conçus Et aujourd’hui ? Le diadème se modernise. Il s’est suffisamment pour différents portés ou transformés au fil des générations encanaillé, à travers les Années folles et ses comédiennes, en colliers, broches et boucles d’oreilles). danseuses de revue, grandes mondaines, pour prendre des accents féministes. Ce n’est pas un hasard si le personnage de Porter aux nues Wonder Woman, inventé par William Moulton Marston, Il en ressort des pièces d’une beauté rare dont l’ossature mue avecl’arbore pour témoigner de ses pouvoirs. Il laisse entrevoir une les grands courants artistiques, tantôt néoclassiques ou Art déco.volonté d’assurance, d’asseoir sa position. «Chaumet a On s’arrêtera ainsi sur le bandeau de diamant de la marquise toujours beaucoup de commandes, en Asie et dans le Golfe», japonaise Maeda Kikuko, parfait écho de la mode fluide des ajoute Christophe Vachaudez. Et parmi ces commandes, des années 1920.Mais derrière l’esthétisme,c’est lerôle poltique ui dfemmes au parcours professionnel immense, qui n’hésitent pas diadème qui intrigue le visiteur. Lefonter dla maisonedau à arborer leur diadème lors de grands événements, face aux Chaumet, Marie-Étienne Nitot, fut lejoaillerattitré deNoapléonhommes qu’elles dirigent. En revanche les familles aristocrates, Bonaparte. L’empereur, connu pousr on éégnelacobsessive, elles, n’en commandent plus : elles préservent ceux qui ont fait inondait les femmes de bijoux de tête,pourmeuxafrmer aui fi leurs lettres de noblesse. Avec une certitude absolue, celle de monde la puissance de la France. L’impéatrice oéphiner Js entfidétenir, à l’abri d’un écrin, une parcelle d’histoire. ensuite une marque de fabrique – s faameuetires aà rlefinepes s et camées orne aujourd’hui la têteessd ouvernesai deuSède. CHAUMET EN MAJESTÉ. JOYAUX DE SOUVERAINES DEPUIS 1780 Apparu à Rome et en Grèce antique le, diadème eecouronne,ctt « Jusqu’au 28 août. Grimaldi Forum. 10, avenue Princesse-Grace, civile», est aux prémices un symbe eol dconcratosé inaux Monaco. www.grimaldiforum.com 77