Cahier Plaisance elles et eux Au Petit Nice, à Marseille, les deux créateurs évoquent les trésors de la mer. The two artists discuss the treasures of the sea, at Le Petit Nice in Marseille. Si Gérald Passedat offre à ses clients le goût de la mer, Piliers de sa cuisine, les dentis, daurades, pélamides, merlans, Benoist Lapouza, lui, en a recréé la senteur pour Courreges. pagres et autres murènes sont ici traités sous toutes leurs Wild Ocean, son nouveau parfum pour homme, est une ode aux facettes : crus, cuits, marinés, séchés, maturés. «Mes senteurs effluves du large. Il a eu l’idée de cette création en puisant dans sont ancrées dans l’iode, dans la roche et dans la salinité. la mémoire intime d’un week-end passé à la dune du Pilat, entre Elles charrient de l’iode, tout comme les filets». En face, Benoist Gironde et Landes. «Je me suis souvenu Lapouza se penche sur la pêche du matin de l’odeur du vent sur la dune, une odeur comme sur un bouquet de fleurs. d’embruns, d’iode et de sable chaud.» «L’idée que je me fais Dehors, la tempête se calme, le soleil perce Wild Ocean s’élance d’abord sur un accord les nuages et se reflète sur la Méditerranée. frais et salin d’eau de mer, puis dévie sur de l’odeur de l’iode «La mer est une force et une puissance non un accord plus chaud de sable blanc et, se rapproche de celle maîtrisable», commente Gérald Passedat. enfin, sur une base intrigante et musquée, de l’oursin.» «Elle a aussi l’odeur de la chaleur et semblable à l’animalité de l’ambre gris. de la réverbération du soleil», ajoute «Nous sommes des déclencheurs d’émo- “The scent of sea le parfumeur, passionné de régates, pour tions», confie Benoist Lapouza. «Il faut de urchin is close to qui l’odeur de la mer se mélange à celles la générosité pour donner du bonheur, de la my conception des terres, portées par les vents. «Après couleur, du confort, du plaisir aux gens. huit jours en mer, on s’est habitué à vivre Pour les étonner aussi. Un bon parfumeur of the salty sea air.” entouré d’iode. Quand on revient à terre doit être un bon vivant !» Benoist Lapouza c’est difficile de s’en passer», poursuit-il. «Oui, on se sent tout nu», rit Gérald Senteurs de roche et de sel Passedat. Le chef attrape le flacon de Wild Le service de midi s’achève. Gérald Passedat Ocean et propulse un nuage de parfum peut enfin quitter sa cuisine et s’installer en face de Benoist dans l’air. «Il sent très bon, c’est iodé, et aussi soyeux, comme Lapouza. Un garçon de salle apporte un plateau composé le soleil, comme du velours. J’aime également sentir les galets des poissons de la pêche du jour. «Mon travail consiste à et la mousse dans le sous-bois.» Benoist Lapouza précise : remettre sur le devant de la scène les mets et les poissons «La mousse a aussi une odeur iodée car, avant, la mer recouvrait oubliés. On travaille 75 à 80 espèces par an», explique le chef. tout.» Il y a bien longtemps, tout avait le goût de l’iode. 206