Cahier Plaisance à la page Au nord de la Bavière règne un port digne d’un mirage : le chantier naval Bavaria Yachts, né du rêve fou de Winfried Herrmann qui, en 1978, mit l’océan à Giebelstadt. Rien ne prédestinait ces terres à se tourner vers la mer. L’amour du nautisme de Herrmann, parfois comparé à un «Henry Ford de l’industrie nautique», redistribua les cartes. Plus de 500 bateaux à voile et à moteur sortent chaque année des quatre lignes de production de ce chantier grand comme un aéroport. Dernier regard de Carolin avant la mise à l’eau. Carolin’s final check prior to launch. a naissance d’un bateau tient de la féerie. Les Plain sailing The Bavaria Yachts shipyard in northern Bavaria coques sortent de leur moule, tels de gigantesques was the wild dream of Winfried Herrmann, who brought the demi-œufs de Pâques profilés. Du premier stratifié sea to landlocked Giebelstadt in 1978. An improbable move au dernier polissage, tout naît de la compétence by a man dubbed “the Henry Ford of the boatbuilding industry.” d’individus penchés sur ce rêve de liberté. Car un Each year, more than 500 yachts and power boats roll off bateau est plus qu’un objet. Il reflète le goût de the four production lines in this airport-size naval yard. l’homme pour l’horizon, cette droite où ciel et mer, inlassablement, scellent un baiser. There’s something magical about the birth of a boat. The hulls Ainsi de Michael, né en Bavière. Les vignes y drapent emerge from their molds like huge half-Easter eggs. From the first les pentes douces des collines. Le Main, un affluent laminate to the final polishing, everything is crafted by skilled du Rhin, sème ses bleu-vert. Le sable fin de la baie artisans, all of them dedicated to realizing a dream of freedom. For de Lübeck, léché par la mer Baltique, est loin. a boat is more than just an object. It is a reflection of man’s attrac- Comme la sublime île de Sylt, entre mer de Wadden et tion to the horizon, that line where sky and sea meet and embrace. mer du Nord. L’herbe blonde de ses dunes, peignée par le Michael is from Bavaria, where vines clad the hillsides along the vent, se trouve à presque huit cents kilomètres. Et pourtant… blue-green Main, an affluent of the Rhine. The sands of the Bay Le plaisir de «travailler toutes les matières», métal, bois ou of Lübeck, lapped by the Baltic Sea, are far away, as is Sylt island, fibre, l’a conduit aux bateaux. Son amour de la navigation, between the Wadden Sea and the North Sea, 800 kilometers from en Norvège ou en Suède, polit chacun de ses gestes. Il admire here. Yet the pleasure of “working with all the different materi- les voiliers, «mus par la force de la nature». Un sourire, et cet als”—metal, wood, fiber—drew him to boats. His love of sailing homme de 24 ans précise : «Là où le vent va, tu dois aller.» imbues every gesture he makes. He admires yachts and the way Non loin de là, sur chaque bateau, Milaim et Carolin traquent they are “driven by the forces of nature.” The 24-year-old smiles les erreurs : les coques blanches s’ornent de cercles noirs, rap- as he explains: “You have to go where the wind goes.” pelant les bulles de BD. Tous deux sont spécialistes du «dernier Nearby, Milaim and Carolin, final inspectors, hunt for any defects: regard». S’ils n’ont jamais vogué, leur fierté reste «de fabriquer the white hulls are dotted with black circles, like comic-strip bub- du bonheur parfait.» De son côté, Walter travaille depuis bles. They’ve never sailed, but they’re proud to “manufacture quarante ans chez Bavaria. Il dirige les prototypes. Lorsque perfect happiness.” Walter’s been working for Bavaria for 40 years, le premier modèle est sorti du chantier, il était déjà là : «Je ne overseeing prototypes. He was there when the first boat emerged suis pas un homme de bureau, mais un artisan. J’aime penser, from the yard: “I’m a craftsman, not an office guy. I like to create, élaborer, améliorer». Allier le sportif à l’agréable, anticiper develop and improve.” Combining sport with pleasure, exploring les matériaux, optimiser les volumes et la fluidité. Le bateau ? new materials, maximizing volumes and flow. The boat? It’s Un home sweet home au moteur puissant : la convivialité. home sweet home with a powerful driving force: togetherness. De quoi méditer l’importance de ce moment magique où, sur All this adds resonance to the magical moment in the boatyard le chantier, pont et coque sont soudain vissés et collés ensemble, when deck and hull are riveted and glued together via a process en un nom sans équivoque : le mariage. with a crystal clear name: the wedding. 229 sthcaY airavaB/tserevEdnarB ©