Quelle réalité pour l’extraction « verte » ? Les consommateurs veulent du « vert », du bio, de « l’environnement correct ». Quelles conséquences pour les procédés d’extraction ? Entretien avec Philippe Bertrand (société de consulting Philbee) pour décrypter les opportunités (mais aussi les contraintes) de cette chimie verte. Actif’s Mag : Le monde de l’extraction végétale semble dans l’approche de la consommation bio sont, à mon sens, les s’être converti à la chimie verte. Dans ce contexte, matières premières et les spécifications des extraits. Extraire quels procédés d’extraction ont actuellement le vent en des produits frais en circuit court est une tendance. Dans cet poupe ? univers, la course au titre n’est plus de mise. Et c’est la natu- Philippe Bertrand : La tendance est à l’optimisation des pro-ralité plus que l’efficacité d’une famille de molécules qui est cédés qui permettent une meilleure utilisation de l’énergie et recherchée. une meilleure maitrise de l’usage des solvants. Les industriels cherchent à améliorer leurs procédés lorsque c’est possible Actif’s Mag : Au-delà des procédés, comment un d’un point de vue réglementaire. Mais surtout ils cherchent extracteur peut-il d’ores et déjà s’inscrire dans l’éco- à être ou à rester compétitifs. Les extractions par ultrasonsresponsabilité ? ou par micro-ondes sont des technologies « à la mode ». Mais Philippe Bertrand : Ma réponse sera courte et simple : en elles ne sont pas nouvelles. En outre, leur mise en situation in-privilégiant les sources d’approvisionnement durables, res- dustrielle est souvent périlleuse et coûteuse, peu productivesponsables et « locales ». Ce sont de vraies tendances fortes. Il à grande échelle et donc parfois dissuasives. Ceci dit, ellesy a actuellement une opportunité pour les extracteurs euro- peuvent faire gagner du temps et de l’énergie mais surtout ré- péens de reprendre des capacités de production et des mar- pondre à des critères qualitatifs plus exigeants. L’extraction à chés aux fournisseurs du continent asiatique. Mais les stan- l’eau reste un standard « naturel » qui peut être décliné en as- dards de prix du marché pratiqués par ces derniers sont très sociation avec des procédés membranaires ou bien encore en bas,parce qu’ils ont mis en place des filières depuis ds dé-e mode subcritique. cennies.Ces filières sont productives et matures, parfosi Les fluides sous pression comme le CO ont fait leurs preuves2 même qualitatives… Alors certesce challenge est élevé, mais dans l’extraction de composés peu polaires, de certaines faceà la pression des consommateurs e disposer eproduitsd d huiles ou de molécules aromatiques. D’autres technologies locaux et responsables, le marché rsque fort d’êtredynami-i peuvent encore émerger si elles gagnent en maturité mais la sé par une offre plus faible que lademande u marché. Rested plupart des nouvelles techniques d’extraction dites « vertes » unfacteur dont il faut tenir compte : le prolème d l’xtrac-b ee sont encore loin d’avoir atteint le stade de maturité indus- tionreste le coût de la matière première. Pnons l’exemplere trielle. Je pense notamment aux nouveaux solvants comme les desanthocyanes de myrtilles ou de sureau. Cs sourings sonte c NaDES (Natural Deep Eutectic Solvents) (voir encadré), aux trèschers. D’où l’intérêt d’acheterdes marcs de bonn qulité.ea liquides ioniques ou bien encore à l’usage de solvants végé- taux, encore chers pour l’instant. Actif’s Mag : Quelles technologies voyez-vous se développer dans un contexte d’extraction « propre » et répondant aux attentes des consommateurs pour des produits bio ? Philippe Bertrand : Je dirai aujourd’hui que l’eau, l’éthanol et le CO peuvent répondre à la quasi-totalité des besoins du2 marché en extraits bio. L’extraction au CO critique est une2 alternative sérieuse aux extractions avec solvants. L’essor du bio auquel nous assistons va davantage imposer cette tech- nologie, qui est longtemps restée au stade de précurseur et est basée sur des équipements chers. Les principales évolutions stneidergnI — stneidérgnI- 86 -