La valeur d’une entreprise Qu’est-ce qui fait la valeur d’une entreprise dans le secteur des compléments alimentaires ? Pour quelles raisons ce secteur justement fait-il l’objet de plus en plus d’acquisitions ou de fusions ? Entretien avec Ludovic Beaulieu, Partner dans la banque d’affaires Oaklins France dont il est l’un des experts Bien-être et Nutrition, et fin connaisseur de « l’éco-système » des compléments alimentaires dans une approche « verticale santé ». Actif’s Mag : Pour quelles raisons le secteur des Actif’s Mag : Ces investissements sont-ils un phénomène compléments alimentaires attire-t-il de plus en plus que l’on retrouve un peu partout dans le monde ou limité à d’investisseurs ? certaines zones géographiques ? Ludovic Beaulieu : Plusieurs facteurs expliquent cet inté- Ludovic Beaulieu : Les modèles de consommation occiden- rêt pour les compléments alimentaires. D’une part, leur mar- taux se projettent en Inde et en Chine. On assiste ainsi à des ché est en pleine croissance. En France, mais aussi ailleurs entransferts vers ces zones géographiques de ce qu’on pratiquait Europe, le marché des compléments alimentaires est en retard en France. Le sport a été un vecteur qui a présidé à l’introduction sur les Etats-Unis. Je cite ce marché parce qu’il est indéniable-des compléments alimentaires en Europe. De la même manière, ment précurseur dans ce domaine. Et que l’aspect fonctionnel c’est le sport qui permet à des marques d’entrer dans certains des compléments alimentaires est devenu désormais essentiel. marchés. Nous sommes ainsi sur un dossier pour accompagner D’autre part, il y a peu de barrières à l’entrée dans les complé-une marque dans le sport qui veut entrer sur le continent indien. ments alimentaires – j’entends par là que les lancements de ces produits peuvent être rapides, avec une capacité de préemp- Actif’s Mag : Existe-t-il des points communs aux tion rapide sur les innovations portant notamment sur les ac-investisseurs qui « entrent » sur ce marché des tifs proposés par les fournisseurs d’ingrédients. Surtout si l’oncompléments alimentaires (i.e : des fonds, des groupes compare à ce qui se passe pour les médicaments dont les dé- pharmaceutiques, agro-alimentaires) ? veloppements sont longs et coûteux, ou dans les dispositifs Ludovic Beaulieu : Les fonds d’investissements viennent sur médicaux, dont la réglementation semble s’être durcie depuis ces marchés car, si l’on excepte les start-ups, ce sont des PME quelques semaines. Enfin, ce secteur des compléments alimen- rentables, avec des plans de croissance tournés vers l’améliora- taires se distingue par des taux de marge brute exceptionnels,tion des marges et de la rentabilité. Le but de ces investissements de plus de 70 %, voire pour certaines marques de plus de 80 %.de la part des fonds est de dégager des synergies entre les acteurs dans lesquels ils entrent et de maitriser de plus en plus la chaine de valeur. Les industries agro-alimentaires et pharmaceutiques ont des facilités pour venir préempter ce marché. Leur attention se porte sur des marques qui font plusieurs dizaine de millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais il existe des sociétés qui réa- lisent un chiffre d’affaires d’une dizaine de millions d’euros et dégagent un EBITDA de trois millions d’euros. Ce sont des « pé- pites » rentables et valorisables. Actif’s Mag : Vous mentionnez justement cette valeur d’EBITDA, que l’on retrouve comme LA référence donnant la valeur d’une entreprise. Est-ce réellement aussi simple dans les compléments alimentaires ? Quels éléments permettent de calculer la valeur « réelle » d’une marque ou Ludovic Beaulieu d’une société ? Ludovic Beaulieu : L’EBITDA est utilisé dans le cas de la valo- Oaklins France risation d’une entreprise que je qualifierai de « simple ». De fait, cette marque ou cette entreprise est valorisée, parfois cédée pour xoB eht fo tuO — xoB eht fo tuO- 081 -