182 PARFUMERIE Enquête / Feature destinée à l’Asie. Cette note fait saliver,une énième fraise ! » explique Juliette d’Australie, « une étonnante note en donnant l’impression de sucré-salé, Karagueuzoglou. La proximité des salée, curry, liège qui rappelle les un petit effet soja, fermenté, caramélisé bureaux facilite les échanges. Chez copeaux de chêne, très différente qui « exhauste » les saveurs », décrit Symrise, « deux aromaticiennes du santal », décrit Alexandra Carlin. Arnaud Bousquet. « Mon rôle d’aroma- travaillent sur le même site que les Jérome di Marino espère s’évader ticien consiste à donner l’impression parfumeurs, ce qui me permet de les bientôt à l’étranger pour s’inspirer : de salé par d’autres stimuli synes- consulter souvent. En ce moment, je des marchés de nuit en Asie, ou des thésiques qui jouent sur l’effet de travaille un accord sarrasin ; on le sent, souks en Orient, où il a découvelrt a texture, le côté juteux... Le réalisme puis j’évalue toutes les pyrazines pour cardamome noire d’Oman. « Une permet d’obtenir une réaction forte construire ma note ». épice fumée dont Takasago a réalisé du consommateur face au produit. Le un headspace ». La réouverture des parfumeur dosera ensuite l’accord en Et demain ? restaurants donnera certainement un colonne vertébrale, en facettes ou en nouveau souffle aux créations aux traces. Par exemple, il ne gardera pas Chez Mane, Serge Majoullier imagine accents fermentés, grillés, fumés, et l’effet viande de la note bacon, mais de nouveaux territoires salés, comme pourquoi pas une note « insecte » ? certainement le côté fumé et gras ». les plantes aux goûts d’huitre : la Juliette Karagueuzoglou préfère se Chez IFF, les collaborations entre salicorne ou le Mertensia maritima. concentrer sur l’odeur depeau. « Celle parfumeurs et aromaticiens se font « Mais il faut trouver le procédé qui a de nos enfants, de nos parents, une soit en prospective soit à la demande. la performance sans dénaturer l’odeur odeur à la fois intrigante, et rassu- « Les aromaticiens ont une approche à un prix compétitif. Le résultat doit rante. Ces périodes de confinement très pragmatique, puisqu’ils peuvent être suffisamment reconnaissable sans nous ont privés des expériences non tester leurs travaux dans leur quoti- équivalent en molécule pour justifier le organisées, les découvertes que l’on dien. Ils peuvent nous aider avec des travail du naturel ». peut faire par hasard ; or la surprise, combinaisons étonnantes comme Chez Symrise, « l’upcycling » peut c’est le sel de la vie ». ■ intégrer une menthe dans une pêche. révéler de nouvelles notes salées À l’inverse, ils nous sollicitent lorsqu’ilsà partir de matières traditionnelles, cherchent une inspiration pour faire comme les drèches de santal Aurélie Dematons surprise, experts can understand a pragmatic approach, as they can test At Symrise, upcycling can reveal consumer’s reaction to a specific their work in their daily lives. They can new salty notes from traditional scent. Alongside fruity notes, there help us with amazing combinations materials, such as distillery residues is now a range of savoury notes: like putting peppermint in a peach. from Australian sandalwood, “a black olive, bacon, spices, tomato, On the other hand, they come to us surprisingly salty, curry, cork note rye bread, salted butter caramel, when they are looking for inspiration that evokes oak chips, very difer-f steamed rice, pistachio, miso, to design yet another strawberry! ” ent from sandalwood,” describes carrot, pea. “I recently worked on explains Juliette Karagueuzoglou. Alexandra Carlin. Jérome di an “Umami” base, for the Asian Offices being close to each other, Marino hopes he will soon be able market. This note brings water to the facilitates exchanges. At Symrise, to escape abroad to find inspira- mouth, with its sweet-savoury twist, “two flavourists work on the same tion: from Asian night markets, or a soy, fermented, caramelised effect site as the perfumers, which allows Eastern souks, where he discovered that enhances flavours,” describes me to consult them often. Right now, the black cardamom of Oman. Arnaud Bousquet. “My role as a I’m working on a buckwheat accord; “A smoked spice out of which flavourist is to convey this savoury after smelling it, I evaluate all the Takasago has made a headspace.” impression using other synaesthetic pyrazines to build my note.” The reopening of restaurants will stimuli that play on the textural effect, certainly give a new lease of the juiciness...Realism allows for a What about tomorrow? life to creations with fermented, strong consumer reaction towards the grilled, smoked accents, and product. The perfumer will then dose At Mane, Serge Majoullier imagines why not an “insect” note? Juliette the accord in backbones, facets or new savoury territories, such as plants Karagueuzoglou prefers to focus traces. For example, he will not keep that taste like oysters: samphire or on the smell of skin. “That of our the meaty effect of the bacon note, Mertensia maritima. “But you have children, of our parents, a smell but certainly its smoky and greasy to find the process that offers the that is both intriguing and reassur- characteristics.” same performance without altering ing. These episodes of confinement At IFF, collaborations between the scent, at a competitive price. The have deprived us of unplanned perfumers and flavourists take place result must be sufficiently recogni- experiences, of discoveries made either on a prospective basis or sable with no molecular equivalent by chance; because surprise is the on-demand. “Flavourists have a very to substantiate the work of naturals.” spice of life.” ■ N°70 - Juillet / Août 2021Expression Cosmétique