Correspondances carte blanche Je repense à ma mère m’expliquant ce fameux précepte «La liberté des uns commence là où s’arrête celle des autres.» Ici il me semblerait plus juste ainsi : «La liberté des uns s’anime là où commence celle des autres». Car il y a un vrai ressenti de vivre-ensemble, nourri par une attirance constante de l’autre. Tout le monde se parle, s’entraide, se regarde et cela crée un véritable dynamisme qui défi nit clairement la ville cubaine. J’ai aussi été frappé par l’architecture plurielle résultant des diffé- rentes étapes de colonisation qui ont créé une urbanisation aux couleurs et aux techniques multiples. Il n’y a pas un style mar- quant mais plusieurs, tant les bâtiments ne se ressemblent que très peu. Beaucoup sont en reconstruction, ou abandonnés, les routes sont parfois fi ssurées. Je sens tout de suite que cette ville grouille et qu’elle se relève doucement de son fort passé. Je décide de m’asseoir dans le parc le plus proche. Et comprends qu’il est le lieu de prédilection des gars les plus 2.0 de La Havane. En effet la meilleure chance d’accéder au Wi-Fi, c’est dans les parcs de la ville. Difficile pour un garçon accro comme moi, mais j’accepte la cure. Et puis, je ne suis pas seul ! Une bonne poignée de Cubain.e.s ici et là sont fi gé.e.s sur leur téléphone portable, assis.es sur un banc ou faisant les cent pas dans ce parc où se côtoient des enfants en uniforme scolaire blanc et marron jouant au baseball, des attrape- touristes qui tentent d’offrir leurs services en pousse-pousse pour un tour complet de la ville, il y a aussi des jeunes fi lles dansant sur du reggaeton autour d’une enceinte portative, et ces garçons dans l’attente, zieutant constamment à droite et à gauche une proie potentielle. Profi tant de ma localisation, j’achète une carte Wi-Fi au premier qui me la propose et j’installe une application pour trouver un guide qui pourrait me faire découvrir son Cuba. 130