Perdu dans le plaisir personnel d’être seul sur une île où il y a tout à découvrir, j’entends brutalement le chauffeur me crier : «Plaza de la Revolución». Je regarde à travers la fenêtre de mon taxi jaune new-yorkais et je découvre une immense place béton- née, froide et figée, comme construite volontairement pour accueillir des centaines de Cubains fêtant joyeusement l’Indépen- dance. Je les distingue presque, agitant fi èrement leur drapeau. Au sommet de ce grand mât fi er et droit, ce même drapeau, vague au vent, surplombant la ville, affi rmant ses soixante ans de révolution. Les visages du Che et de Fidel Castro conqué- rants sont aussi là (en énorme) tout autour de la place. Je comprends très vite que la représentation patriotique est très présente et que je ne pourrai sûrement pas passer à côté de la fierté libertaire du pays. Ça me plaît, j’aime les grandes histoires ! Après une petite sieste à contretemps et le passage d’une tenue appropriée à un 24oC tenace, je décide d’aller m’aventurer dans La Habana Vieja. Je découvre alors une ambiance, des senteurs, des mélanges de couleurs que je ne connaissais pas jusqu’ici. Une sensation que tout le monde se connaît. Bien loin de ma façon de côtoyer l’autre. La frontière entre l’intérieur et l’extérieur, entre le privé et le public, n’existe plus. Les portes et les fenêtres sont grandes ouvertes. Les voix du dehors et du dedans se mêlent sans trop en distinguer la provenance. Comme une impression que l’inti- mité n’est plus très importante. Je vois les hommes et les femmes me sourire comme si nous étions amis. J’ai presque l’envie d’en- core plus m’approcher pour ramener des souvenirs, mais le choc culturel est si fort que j’y renonce en me répétant que je ne serai pas ce touriste-là. (Sans gêne, et pensant que tout lui appartient.) Lost in my own personal delight at being alone on an island with everything to discover, I hear my driver abruptly yell: “Plaza de la Revolución!” I look out the window of my New York-style yellow taxi cab and see a huge concrete square, cold and frozen in time, as if it had been deliberately built to contain hundreds of Cubans joyously celebrating their inde- pendence. I can almost see them, proudly waving their fl ags. Atop a straight proud pole, the same fl ag fl aps in the wind, overlooking the city, proclaiming the 60 years since the revolution. The (enormous) faces of a victorious Che and Fidel Castro are also there, all around the square. I quickly catch on that patriotic imagery is ubiquitous and that the country’s liberty-loving pride will be hard to avoid. I like that. I love Je ne pourrai sûrement great stories. I take a short, jet-lagged nap, and after changing pas passer à côté de la fi erté into clothes more appropriate to the unrelenting 24°C, decide to venture into La Habana Vieja. I discover an ambience, libertaire du pays. Ça me plaît. smells, blends of colors that I have never seen before. There’s J’aime les grandes histoires ! a feeling that everyone knows each other. It’s very different from my way of interacting with others. I quickly catch on that patriotic imagery is ubiquitous and that The boundaries between indoors and outdoors, private and public, no longer exist. The doors and windows are wide open. the country’s liberty-loving pride Voices from inside and out intermingle; it’s hard to tell where will be hard to avoid. I like that. they’re coming from. It feels like privacy is not all that impor- tant. Men and women smile at me as if we’re friends. I almost I love great stories. want to get closer to create some memories to take home, but the culture shock is so strong that I give up, telling myself over and over that I won’t be that kind of tourist. (Pushy, entitled.) 129