Cabinet de travail de Victor Hugo, surnommé «look out» pour sa vue panoramique. Meubles chinés par l’auteur, qui a veillé à toute la décoration de la maison. Victor Hugo’s study, called the “lookout” for its panoramic view. Secondhand furniture collected by the writer, who oversaw the decoration of the house. l y aurait de quoi vous tourner la tête. Être à pas encore qu’il va y rester quinze ans. Mais il se passionne Guernesey, à Hauteville House, dans la maison pour son aménagement. Non seulement il conçoit des pièces mythique de Victor Hugo, et prendre des notes sur nouvelles (ce «look out», l’atelier, le jardin d’hiver…), mais il ce même petit abattant de bois noir où il écrivit, court les brocantes de l’île, achète de vieux meubles, les désosse debout, certains de ses chefs-d’œuvre dont L’Homme pour en bricoler d’autres, dessine ses propres lustres à gaz ou qui rit (1869) ou Les Travailleursde lamer (vers les fleurs de ses tentures, marie la soie et le cuir de Cordoue, 1866). Le privilège est d’autant plus agréable que le les carreaux de Delft et le verre de Murano, les tapis d’Orient, soleil de printemps vient chauffer doucement l’intérieur de les chinoiseries et même les sculptures façon «nains de jardin» cette pièce tout en verre que le poète appelait son «look out». de part et d’autre de la cheminée ! Hugo ne laisse rien au hasard. Dans ce perchoir spectaculaire, accroché au toit de la demeure, Sols, murs, plafonds, il n’est pas un centimètre carré qui n’ait Hugo se réfugiait pour travailler et méditer face à la mer. Quelle été peint, gravé, pensé ou tapissé selon ses souhaits. On le savait vue ! La petite plage du Havelet, la ville de Saint Peter Port, poète, romancier, dramaturge, dessinateur, homme politique... les îles d’Herm, de Sercq et d’Aurigny au large... Un panorama Victor Hugo est aussi un grand décorateur, un designer à 360 degrés. Par temps clair, on peut même, dit-on, distinguer presque ! Sa maison est une œuvre, un grand poème de pierre les côtes françaises dans le lointain. On imagine l’auteur des dont chaque pièce serait un vers et chaque étage une strophe. Misérables (1862) à ce même écritoire, caressant sa barbe blanche, scrutant l’horizon et rêvant le cœur serré à sa chère patrie… Nouveaux départs Depuis quelques années pourtant, ce chef-d’œuvre prenait l’eau. Autobiographie de pierre Il pleuvait dans le «look out» ! Sous la houlette de Riccardo C’est parce qu’il avait dit haut et fort tout le mal qu’il pensait Giordano, architecte en chef des Monuments historiques, la Ville de Napoléon III, «Napoléon le Petit», qu’il appelait aussi ce de Paris, propriétaire de la maison, a entrepris de la restaurer «nain immonde», que l’écrivain avait été contraint à l’exil avec l’aide d’un mécène amoureux de Victor Hugo, François [à la suite du coup d’État du 2 décembre 1851, ndlr]. Quand Pinault. Ainsi, grâce au talent des meilleurs artisans et spécia- il achète cette maison de Guernesey, en 1856, avec les droits listes des métiers d’art, le lieu a rouvert il y a quelques semaines, d’auteur des Contemplations (publié la même année), il ne sait magnifiquement rénové dans l’esprit de son illustre propriétaire. 113