Correspondances comme un roman Crépuscule entre Kom-Ombo et Assouan. Temple de Karnak. Dusk between Kom Ombo and Aswan. Karnak Temple. Au coucher du soleil le ciel s’est divisé en deux parties ; ce qui Nous avons une large plaine à franchir avant d’atteindre touchait à l’horizon était bleu pâle, bleu tendre, tandis qu’au- ces montagnes-là, et ce sont des champs de blé, alternant avec dessus de nos têtes dans toute sa largeur c’était un immense rideau des sables déjà désertiques. Derrière nous s’éloignent le vieux pourpre à trois plis, un, deux, trois. – Derrière moi et sur les côtés Nil et son autre rive que nous venons de quitter, la rive de le ciel était comme balayé par de petits nuages blancs allongés en Louxor dont les gigantesques colonnades pharaoniques sont forme de grèves. Il avait eu cet aspect toute la journée. La rive à comme allongées en dessous par leur propre reflet sur le miroir ma gauche était toute noire. Le grand rideau vermeil s’est décom- du fleuve (…). posé en petits monticules d’or moutonnés ; c’était comme tam- ponné par petites masses régulières. – Le Nil rougi par la réflexion We have to cross a wide plain before reaching the moun- du ciel est devenu couleur sirop de groseille. Puis, comme si le tains, and on our way cornfields alternate with stretches of sand vent eût poussé tout cela, la couleur du ciel s’est retirée à gauche, already desertlike. Behind us extends the old Nile and the oppo- du côté de l’Occident, et les ténèbres sont descendues. site bank which we have lately quitted—the bank of Luxor, whose gigantic Pharaonic colonnades are as it were lengthened At sunset, the sky split into two parts; on the horizon it was below by their own reflection in the mirror of the river. pale blue, soft blue, while overhead, along its entire breadth, was an immense purple curtain with three folds, one, two, PIERRE LOTI La Mort de Philæ, 1908 three. Behind me and along the edges, the sky looked to be The Death of Philae, trans. W.P. Baines, 2015 swept by small white clouds stretched into long strands. This is how it had looked throughout the day. The shore to my left was all dark. The large vermilion curtain broke apart into small, fluffy mounds of gold, as if stamped with regular patterns. The Nile, turned crimson by the reflection of the sky, had become the color of red currant syrup. Then, as if the wind had blown it all away, the sky’s hues shifted to the left, to the West, and the shadows fell. GUSTAVE FLAUBERT Voyage en Orient, 1850 144 sserP ailahptseW ©