Une bataille navale Pas deux bateaux qui se ressemblent. Question d’honneur. Pour les Marseillais, avoir un bateau c’est le paradis. Pas grand, 6 m, pour aller aux oursins. Autrefois, les char- pentiers de marine marseillais venaient (presque) tous de 5 chantiers ancrés dans l’anse du Pharo, sous le palais. Fondé en 1956, labellisé EPV, Borg tient la corde pour qui aspire à acquérir un bateau neuf ou faire restaurer un bateau traditionnel, ici belle façon de devenir Marseillais. Une barquette et non un pointu, terminologie impie selon son propriétaire Denis Borg, ce qui ne va pas sans en énerver certains. Du coup, malin, Borg a créé l’association des Pointus de la barquette. Troisième Borg après Guillaume et Michel, Denis est intarissable sur la question. Ce sont les marins d’ail- leurs qui ont «inventé» ce nom de pointu. L’ouvrage Marseille des pêcheurs (Édisud) précise qu’il s’agissait des officiers de la Marine de l’Arsenal militaire. Depuis toujours, la barquette sert à naviguer, tracter, haler, pêcher et transporter des personnes. Les essences de charpente sont le frêne, l’acajou, l’iroko, le mélèze, le teck, le sipo. Les couleurs, bleu et blanc, peintures à l’huile marine. Voile ou moteur, et anneau obliga- toire. Le bateau vit dans l’eau. La cale sèche le torpille. Au doigt mouillé, en cinquante ans, plus de 2 000 barquettes auraient coulé dans la rade. Certains des beaux bateaux marseillais historiques ont été restaurés par Borg. Qui possède quelques fleurons du genre. Quand il n’enseigne pas aux élèves du lycée Poinso-Chapuis à la Pointe-Rouge les métiers de la mer et de la charpenterie de marine, il peaufine son projet de sorties sur l’eau avec skipper à bord de la Lili, barquette de 1948, par ses soins restaurée. A naval battle No two boats are alike. It’s a question of honor. For the Marseillais, having a boat is paradise. In order to fish for sea urchins, it doesn’t have to be big—6 meters long is plenty. In the past, nearly all Marseille’s shipbuilders came from five shipyards in Pharo cove, below the palace. Founded in 1956, now listed as an Entreprise du Patrimoine Vivant, Borg is the place to go for those looking to buy a new boat or restore a traditional one, the ideal way to become a Marseillais. They are known as barquettes, not pointus— a term owner Denis Borg finds sacrilegious, to the annoyance of many. So Borg mischievously created Les Pointus de la Barquette (an association of small fishing craft). The third Borg, after Guillaume and Michel, Denis could talk for hours on the subject. The term “pointu” was invented by sailors from elsewhere. The book Marseille des pêcheurs (Édisud) maintains that it was the naval officers at the Military Arsenal. The barquette has always been used to get about, tow, haul, fish and transport people. Timber used includes ash, mahogany, iroko, larch, teak and sipo. They are generally painted blue and white, and come with a sail or an engine, and an obligatory mooring. The boats always remain in the water, as dry docks ruin them. In 50 years, some 2,000 barquettes may have sunk in the harbor. Borg has restored some of the beautiful historic Marseille boats and owns some real dandies. When he’s not teaching nautical trades and marine carpentry to students at the Poinso-Chapuis lycée in La Pointe-Rouge, he’s working on a project to organize boat trips with a skipper aboard the Lili, a 1948 barquette that he restored. BORG 25, anse du Pharo, 7 arr.e Tél. +33 (0)4 91 31 48 12. www.chantiernavalborg.com 119