Voué aux oubliettes à l’arrivée du numérique, le disque noir n’en finit pas de creuser son sillon. Démodée la galette ? Pépites au grain vintage et rééditions affolent à nouveau les platines. Le vinyle tourne de plus belle TEXTE Christophe ContePHOTO Yann Le Duc ’était au départ un phénomène anachro- nique, qui s’est transformé en phénomène de société. Le disque vinyle, qui avait quasi- ment disparu au cours des années 1990, est désormais l’un des trophées domestiques que l’on exhibe dans son salon, aux côtés de platines flambant neuves ou ressorties elles aussi des greniers. Cet objet d’un autre temps, jugé fragile, encombrant, peu pratique et obsolète lorsque le CD dominait le marché, est paradoxalement revenu en force alors que la musique dématérialisée, via le téléchargement ou le streaming, montait paral- lèlement en force. Ce qui pouvait passer à l’origine pour un acte de résistance de quelques nostalgiques du support «physique» face aux assauts du numérique s’est désormais démocratisé à grande échelle, et à toutes les générations, avec plus de 3,2 millions de galettes vendues en France en 2017. Parmi la clientèle des disquaires qui ont fleuri un peu partout à travers le monde, on trouve ainsi de véritables mélo- manes attachés au son du vinyle – plus chaud, plus précis et moins clinique que celui du CD, sans parler du MP3 –, mais aussi des jeunes qui n’ont pour la plupart connu les 33-tours et les 45-tours qu’à travers les discothèques parentales empoussiérées. 77