Son nom ne résonnait plus sur le pavé parisien mais les experts se souvenaient de la beauté de ses souliers. Une ligne de chaussures relance le bottier Malfroid, hommage aux dandys amoureux de matières nobles. fficine bottière pari-les vêtements d’image pour Cartier, Land Rover, le Ritz, et sienne, Malfroid dans la petite maroquinerie réversible produite en série limitée, campait autrefois Thomas de Bascher confesse avoir lâché le poker pour se du côté de l’École consacrer totalement à Malfroid. Pour les peausseries, ensemble militaire. Et pour avec Victor Bastié, ils ont sollicité les meilleures tanneries cause : la maison françaises, dont Annonay, Degermann, les Tanneries du Puy, fournissait corps et ont décroché le mythique Charles F. Stead en Angleterre pour armés, régiments les veaux velours. Les semelles d’usure en cuir sont issues d’un nationaux et la tannage végétal ultralent (douze mois) dans un bain d’écorces Garde républicaine. de châtaignier et de quebracho, les rendant naturellement Ce renom fort discret – mais assurant à sa clientèle une qualité imperméables, imputrescibles et supra-robustes. Et les œillets hors pair – vaudra à Malfroid d’œuvrer à partir de 1975 pour conçus en ellipse, question de morphologie du cou-de-pied. J.M. Weston, «aidant la marque à mettre un pied comme four- Aux patines «normales», Malfroid ajoute pour chaque modèle nisseur dans ces institutions», raconte Thomas de Bascher, co- une version natural crust neutre, patinable au choix et à l’envi raviveur avec Victor Bastié du nouveau Malfroid, dont le nom en magasin, où l’équipe assure aussi glaçage, cirage, entretien. ne fut jamais déposé ni protégé. Juste oublié. Au grand dam Quelques modèles en édition limitée comme les bottines en d’une clientèle d’aristocrates très à cheval sur leurs habitudes.bimatière Stelvio s’adressent aussi aux experts du genre. En Le revoici, luisant de patines sur mesure, bien calé dans un mars, Malfroid leur proposera sur le même mode le one-cut à magasin inauguré en novembre 2018 en plein 17 arrondisse-e monobride Jacques, ainsi baptisé en hommage à Jacques ment. Talon-pointe : la première collection de souliers Malfroid de Bascher, son oncle adoré. Oui, oui, le Jacques de Bascher est seulement masculine, avec 15 modèles et 7 formes tutélaires dandy superlatif et compagnon affiché de Karl Lagerfeld, dont le mocassin Gritti, les richelieus Lannistair, Bristol et noctambule et bambocheur flamboyant des années 1970 Savoy, et la Chelsea boot Berrière, ici référée au château de la et 1980. Un oncle «qui n’achetait que des John Lobb, qui les famille de Bascher, jadis anoblie grâce à la duchesse de Berry. faisait “casser” par ses amis, même pointure 43». Un château situé dans la région nantaise, cerné d’un domaine Enfant puis adolescent, Thomas de Bascher se souvient de ce viticole tricentenaire, où vivent toujours les parents de Thomas.parent prodigue vivant comme un prince, «toujours prompt à faire des blagues inouïes au détriment de mes parents, oncles La patine du temps et tantes, déboulant au château en compagnie d’Andy Warhol, Quadragénaire joueur de rugby, assez farceur à ses débuts pour Grace Jones, Ines de la Fressange, Prince ou Mick Jagger, se faire passer pour sa sœur en vue de décrocher un entretien débarquant en hélicoptère — le Concorde ne pouvait pas d’embauche chez Chanel (où il sera le premier vendeur mascu- atterrir dans le parc – ou au volant de bolides décoiffants, lin de la maison), ayant vécu à Barcelone et à Rome (il y a comme cette Ferrari 250 GTO restée gravée dans ma mémoire». rencontré sa femme, issue d’une noble dynastie italienne comp- Si le titre de comte de Bascher de Beaumarchais occupe une tant un cardinal dans son arbre généalogique), aujourd’hui autre branche, Thomas de Bascher s’en accommode le mieux installé à Paris, le gaillard a toujours aimé les beaux souliers,du monde. Ses valeurs sont ailleurs, autrement. Père de famille jusqu’à en posséder plus de 90 paires provenant des meilleurs souriant, néo-entrepreneur du beau soulier, il marque à chaud bottiers anglais et français. Au quotidien, ses préférés sont lesMalfroid, qu’il promet très bientôt de décliner au féminin. saddle shoes américaines, ces génériques bicolores sur semelle rouge. Après plusieurs expériences enrichissantes dans la Tech, MALFROID 7, rue Villebois-Mareuil, Paris. Thomas de Bascher, l’un des co-raviveurs des souliers Malfroid. Thomas de Bascher, co-entrepreneur behind the revival of the shoemaker Malfroid. 61