Le premier axe, ce sont les loisirs sportifs, mais pas n’importe lesquels, ceux prisés par la gentry : golf, tennis, équitation. Pour transformer la station en « Paradis des sports », il fait également appel à Pierre de Coubertin. En 1904, un golf dessiné au cœur de la pinède voit le jour, complété en 1931 par un parcours au milieu des dunes sauvages. En 1912, on compte déjà 11 courts de tennis avec une fréquentation journalière en saison d’environ 170 joueurs. En 1925 est inauguré le champ de courses qui répond à l’engouement sans cesse croissant pour les manifestations hippiques. En 1931, on célèbre l’achèvement de « la plus belle piscine d’Europe » d’eau de mer filtrée, stérilisée et chauffée. Dominant la plage, elle mesure 66,6 m de long sur 25 m de large, avec une profondeur de 5 m au niveau du plongeoir. Des fêtes nautiques et des défilés de mode y sont organisés. Hélas, elle fut démolie dans les années 80 pour laisser place à un parc de loisirs aquatiques. Le deuxième axe, ce sont les jeux d’argent, activité interdite au Royaume-Uni jusque dans les années 20 et dont les Britanniques raffolent. Plusieurs casinos sortent de terre et les players n’hésitent pas à traverser la Manche pour venir claquer leurs livres sterling. Le troisième, ce sont les hôtels de luxe pour accueillir comme il se doit le Tout-Paris et le Tout-Londres puis, avec la création de l’aéroport en 1936, le monde entier. Parmi les établissements les plus réputés figurent l’Hermitage, le Royal Picardy et le Westminster. On y croise Édouard VIII et le maharaja de Kapurthala, le gotha européen et des princes du Moyen-Orient. CHIC AND FAMOUS Aujourd’hui, le Touquet-Paris-Plage, joyau de 11 km de sable fin et d’espaces dunaires, mérite amplement son titre de « perle de la Côte d’Opale ». De son fastueux passé subsistent la volonté d’être chic, un mariage unique entre mer et forêt où se cachent de splendides résidences secondaires, un paradis pour les sportifs… Mais aussi une Suite Prestige empreinte architecturale, mélange de style néogothique à l’image de l’incroyable hôtel de ville et de style anglo-normand à l’instar du flamboyant Westminster, seul rescapé des palaces d’antan. En 1924, l’aile ouest du Westminster est érigée en seulement 8 mois selon les plans de l’architecte Auguste Bluysen, l’un des « magi- ciens-constructeurs » de l’Exposition universelle 1900 de Paris. Il s’est par la suite illustré dans l’élaboration de nombreux théâtres, casinos, centres thermaux et cinémas (Le Grand Rex, c’est lui). En 1926, l’hôtel s’agrandit avec l’aile est où se trouve l’entrée actuelle, lui conférant une façade magistrale longue de 130 m. Son nom, il le doit à la belle duchesse de Westminster qui fit aménager le casino en hôpital militaire durant la Première Guerre mondiale. Après avoir changé de main à plusieurs reprises, le « West », comme le désignent les habitués, est tombé dans l’escarcelle du groupe Barrière en 2016. L’établis- sement était vieillot, pour lui redonner son lustre et décrocher une cinquième étoile, un immense chantier de rénovation, comme il n’en avait pas connu depuis son ouverture, a été entrepris en 2020. Pas Spa Nuxe question de faire table rase du passé. La délicate mission de 42 IvoyageDELUXE#88