Le repas des français : entre simplification et restriction Par Jessica Munuera, Directrice Usage Food Face aux problématiques de pouvoir d’achat, les Français ne se contentent pas de changer leur comportement d’achat ; ils modifient également leurs habitudes de consommation à domicile et hors domicile, avec un maître-mot : simplifier ! Les Français simplifient leurs repas. Mais cette réalité recouvre deux types de phénomènes. D’un côté, des tendances de long terme quise confirment et ne sont donc pas liées aux hausses de prix des derniers mois. De l’autre, des restrictions apparues à plus court terme. Un phénomène récurrent. La simplification des repas se traduit à plusieurs niveaux et s’exprime à travers 5 grands phénomènes observés ces dernières années : 1. La simplification du menu avec le recentrage des déjeuners et des dîners enune seule étape autour du plat principal.Les Français prennent moins d’entrées, moins de fromage ; même le dessert est moins présent à table. Seuls 19% de nos repas contiennent une entrée (contre 23% en 2019) ; 32% une étape fromage (contre 36% auparavant), et 66% un dessert (contre 69% auparavant). 2. Moins de protéines animales (notamment la viande) : bien qu’elles restent un pilier de notre alimentation, la part des protéines animales ne cesse de diminuer. Au CAM P4 2023, les recettes à base de viande représentent 38,6% des plats principaux de nos repas (déjeuner + dîner). Elles étaient dans 43% des plats en 2019. 3. Le retour à des recettes simples : les recettes à base de pâtes, de quiches/tartes/feuilletés/pizzas, de sandwichs/croque-monsieur ou de salades gagnent du terrain. Les recettes à base de pâtes représentent aujourd’hui 12% de nos plats principaux (2e regroupement après les recettes à base de viande). C’est 8% pour les quiches/tartes/feuilletés, plus de 6% pour les salades et 6% pour l’univers sandwichs et croque-monsieur. 4. Une recherche de praticité : si les Français consomment avant tout par plaisir (53% de notre consommation alimentaire), ils sont aussi à la recherche de simplicité/praticité. C’est la seule raison de consommation qui gagne du terrain (29% des occasions de consommation), que ce soit à court et/ou long terme. 5. Un temps de préparation qui diminue : conséquence de l’ensemble de ces tendances, le temps moyen de préparation d’un repas est de 20,5 minutes contre 21,7 minutes en 2019, et même 22,7 minutes en 2020/2021 (crise sanitaire et confinement obligent). Des restrictions à court terme À ces tendances de fond s’ajoutent des phénomènes plus récents, que l’on peut considérer comme des signaux faibles,qui montrent l’impact du contexte actuel surla consommation des Français. Avec un maître-mot : restriction ! 1. De plus en plus de repas zappés : les Français sautent un nombre croissant de repas (petit-déjeuner, déjeuner et/ou dîner), ce qui signifie qu’ils ne sont pris ni à domicile ni hors domicile. Aujourd’hui, 7% de ces repas sont zappés. 2. Une simplification du menu qui impacte aussi l’apéritif. Jusque-là épargné, l’apéritif affiche une baisse de 4% en termes d’occasions de consommation par rapportà l’an passé. 3. Aller à l’essentiel : La recherche de praticité se renforce à court terme. En renonçant tout d’abord à essayer de nouvelles choses (une baisse de 11% en termes d’occasions de consommation sur la raison de consommation « pour essayer » par rapport à l’an passé). Même constat sur la notion de « plat préféré », en recul de 10%, tout particulièrement auprès des adultes (15-49 ans). En marquant le pas sur le « bon pour la santé » : 27% des occasions de consommation au total alimentaire se font pour cette raison, en retrait de 1 point.En limitant les stocks : « pour vider les stocks » est en effet une raison de consommation de moins en moins évoquée (9% des cas vs 10% auparavant). Une suite logique de la baisse des paniers d’achat ? Cette simplification s’explique-t-elle par soucis d’économie d’argent ou de temps, ou les deuxà la fois ? Mais ces changements, qui peuvent s’installer durablement dans le quotidien des Français, nécessiteront des évolutions et des efforts d’adaptation de la part des distributeurs. 1 10 est zappé petit-déjeuner sur en France aujourd’hui