Correspondances comme un roman Thompson Tarns, deux étangs encaissés dans la Hobley Valley. Thompson Tarns, two small lakes nestled in Hobley Valley. Jour 1 Jour 2 Par la vitre de la voiture, je regarde ver- éveille dans la cheminée un feu de Départ de bon matin, une fois remplies dir le paysage, onduler la plaine des ana- bûches qui adoucit nos adieux au les formalités d’accès au parc national. nas aux luisances métalliques, plus loin confort. Le paysage est une autre conso- Face à nous, une majestueuse enceinte les collines à thé d’un coloris plus lation. Sortis d’une forêt de bambous, de montagnes, dont la cime tridentée du mat. Nairobi s’éloigne, à mesure que nous avons pris pied sur un plateau mont Kenya. L’objectif de notre marche, grandissent les montagnes sous un ciel d’herbe rase qu’ennoblissent de grands c’est la plus courte et la plus basse de à caprices : nuages, pluie drue, saignées palissandres. Entre les cabanes éparses, ces trois incisives – près de 5 000 m, de soleil sur le goudron. Quand la route des feuilles larges comme des palmes tout de même. La piste trace deux lignes devient piste, notre auto japonaise mue, que le gardien pique une à une, pour tourbeuses à travers un marécage pétil- elle aussi. C’est une Land Rover des faire un tas. lant d’oiseaux, se cabre et s’amincit grandes années, robuste et anguleuse, Même aussi haut, la nature vibre de vie. pour devenir sentier qui progresse à la tôle à nu sous des écailles de rouille, Des étourneaux à ailes rouges ont fait l’ombre des cèdres rouges. qui nous embarque avec le guide et six leur nid oblong à la pointe d’une Dans l’après-midi, nos tentes sont dres- porteurs. Il faut bien tout ce monde pour branche. Un singe samango promène sées à flanc de montagne, dans un camp remuer jusqu’au sommet les quelques son masque ahuri dans la végétation. que définissent seulement un panneau quintaux de nourriture, d’équipement En contrebas du camp s’étend un point de bienvenue, une table sous abri avec de montagne, de matériel divers requis d’eau, reflétant les montagnes, où des bancs. Sur cette table, à l’heure du par l’excursion. Un peu de carburant s’abreuvent les antilopes waterbucks. Un dîner, va s’étaler une nappe rouge, aussi, jusqu’au camp de base. Nous écriteau prévient : des animaux dange- finement quadrillée de bleu. C’est la faisons étape à la station-service. Le reux rôdent, la nuit. Lesquels ? Peut-être même dont se drape le chef des por- tuyau d’une pompe à essence traverse des hyènes, dont les traces impriment la teurs, par temps frais. Avec la vaisselle l’habitacle jusqu’au réservoir, logé... terre meuble, voire des éléphants qui en aluminium, le Thermos d’eau bouil- sous le siège du conducteur. laissent leurs déjections, rondes et pail- lante et le pot de café kenyan en poudre, Au camp, l’altitude frise déjà les 3 000 m. lées, au bord de la piste, comme chez la nappe composera le décor de tous C’est le début de la saison sèche, donc nous les chevaux. nos repas, cuisinés et servis peu de la période favorable aux ascensions. Premier repas à la lueur des lampes- importent la météo et la situation, Pourtant, notre cabane est la seule tempête, une délicieuse soupe de butter- l’altitude et le relief, sur la rive boueuse occupée. Si l’électricité a un jour couru nut au gingembre et au poivre vert, d’un torrent ou dans les fourches dans ces fils, si l’eau de la douche a un servie dans des timbales. Nous étrennons humides des buissons. Partout nous jour exaucé la promesse du robinet à nos sacs de couchage sous la ligne suivent un brûleur à gaz et sa provision pastille rouge, ce sont de lointains souve- d’équateur car, avec la nuit – dès 18h – de carburant rose, dans un bidon noué nirs. Pas grave. Daniel, notre cuisinier, est tombée une fraîcheur inattendue. d’un torchon. 111