Boussoles air du temps Fidèle à l’essentiel, la nouvelle ligne Duke Deco s’inspire de dessins d’archives de la maison Dunhill. Avec ses incrustations millimétrées et ses accents d’argent, elle infuse une élégance Art déco au moindre geste. L’important, c’est l’accessoire TEXTE François SimonPHOTO Mathieu Martin Delacroix Rien de plus troublant que les accessoires. Ils s’installentavec aplomb, créent un nouvel ordre, triomphentavec notre complicité. Ils se jouent un peu de nous.Theessentialaccessory The new Duke Marquetry Line isinspired by early designs found in Dunhill’s archives. The ultra-precision inlay and silver motifs give every piece an Art Deco flair. D’ailleurs, c’est bien pour cela que nous les recherchons… Cette façon de s’immiscer joliment dans un quotidien, There’s something disconcerting about accessories. They have studieux ou frivole, a poussé Alfred Dunhill à créer non a brazen way of moving in, imposing a new order, and getting seulement une nouvelle collection de pièces en cuir, mais the upper hand—with our complicity. They use us, you might aussi à nous glisser dans une autre dimension. Celle qui noussay, and that’s exactly why we hanker after them. Their way of entraînera dans le temps. fitting neatly into everyday life, ready for work or pleasure, Après avoir longuement chiné dans les archives maison, le studiowas what prompted Alfred Dunhill to come up with a new de design, établi dans la maison mère de Mayfair à Londres,collection of leather items that take us into a different dimen- a rapporté une série de dessins Art déco remarquables des sion, transporting us through time. années 1930. D’où cette collection, baptisée Duke Deco, After an extensive search of the firm’s archives, the design studio déclinaison de la ligne la plus connue, Duke. Elle fonctionne àat Dunhill’s global headquarters in Mayfair, London, turned up la marqueterie de haute précision, disposant d’incrustationsa remarkable series of 1930s Art Deco drawings. It was these pour former ses motifs décoratifs. Cela se déroule dans lesthat provided the inspiration for the Duke Marquetry Deco col- ateliers de Walthamstow, dans le North-East London, où leslection, a new version of the well-established Duke range. Its artisans œuvrent depuis 1936. Ils y assemblent le cuir Dukehallmark is high-precision leather marquetry, using inlays to fine de Dunhill, un cuir de chèvre très doux, dans lequel create decorative motifs. This is carried out at the workshops in viennent s’appliquer, à la main, du cuir de vachette argentéWalthamstow, northeast London, where Dunhill’s artisans have et les initiales AD (le A étant pour Alfred, le fondateur).been based since 1936. Here, they assemble the brand’s Duke Voici donc grande et petites pochettes à Zip, portefeuilles,Fine leather, a soft goatskin, into which silvered calfskin and the porte-cartes, carnet et l’emblématique briquet Turbo, dont leinitials AD (“A” for Alfred, the founder) are inserted by hand cliquetis fait partie des sons iconiques d’un certain art deusing the marquetry technique. vivre. C’est du reste la vocation de ces objets familiers queCreations include large and small zip folios, billfold wallets, nous acceptons dans notre intimité. Accompagner leur bon card cases, notebooks and the emblematic turbo lighter, whose goût et enrichir notre univers de citations nouvelles. L’Art décoclick is one of those iconic sounds that embody a certain art de est une incantation en soi ; celle des années 1930, où le mondevivre. And that indeed is the role of these familiar, intimate entier aspirait à un nouvel éden, à la paix retrouvée. On sur-objects: to contribute their good taste and to inject new refer- lignait cette vision, comme une prière lancinante. Curieuse-ences into our world. Art Deco is a magical evocation in itself— ment, le terme même d’Art déco n’a été vulgarisé qu’en 1968that of the 1930s when the world was aspiring to become a new avec l’historien d’art britannique Bevis Hillier. L’Art décoEden, a place of newfound peace. It was a vision given form, like avait donc existé sans jamais être nommé. C’est ainsi le destina prayer repeated over and over again. Oddly enough, the term de ces objets qui renaissent dans ces troublants décalages duArt Deco only caught on in 1968, with a book published by the temps. Les voici dans leur urgence à vivre et qui sait, prêts àBritish art historian Bevis Hillier. So Art Deco had existed with- nous entraîner dans des instants nouveaux, plaisants, qui euxout a name. Just like these objects that come back to life after an aussi pourraient reprendre ce même destin : exister sans queunsettling jump in time, ready to provide us with a new, pleasur- l’on puisse les nommer. able experience. They exist, but you can’t put a name on them. 86