Chronique | 35 Le retour En ce début d’année, le paysage économique et fi nancierdes entreprises du numérique change de nature. du cash En témoigne leurs choix de fi nancement. Ainsi, selon une étude conjointe de Numeum et EY, les grands éditeurs de logiciels français privilégient avant tout leurs propres capacités d’autofi nancement. Puis viennent les autres leviers: l’endettement, bien sûr, mais aussi les subventions publiques, le capital-investissement, la Bourse, les business angels, sans parler du fi nancement participatif. D’autres encore peuvent être activés, mais une chose est certaine: les acteurs de la chaîne de valeur veulent maîtriser leurs coûts et croître à partir de leurs propres ressources. Cette tendance nouvelle à l’orthodoxie fi nancière peut être interprétée de deuxmanières. D’un côté, elle illustre une légitime méfi ance des entreprises vis-à-vis de la frénésie fi nancière qui a abouti à la chute de la nouvelle économie il y a vingtans, ou, plus récemment, en 2007, à la crise des subprimes qui a dégénéré en tsunami mondial. Del’autre, cette réinternalisation des ressources et projets d’investissement est une véritable rupture dans la culture tech, fondée sur l’internalisation, la prise de risque et l’innovation tous azimuts. «Cash is king» («La trésorerie est reine») est sans doute l’expression la plus entendue ces temps-ci. Avec une conséquence directe: quand tout le monde appuie en même temps sur le frein, la circulation ralentit. Au fond, l’économie numérique se coule avec bonheur PIERRE-ANTOINE MERLIN dans un moule improbable fondé sur deuxcaractéristiques Rédacteur en chef adjoint apriori inconciliables: la recherche et le panurgisme. pamerlin@edi-mag.fr C’est pourtant exactement ce qui se passe. www.edi-mag.fr Numéro 135 | Mars 2024 | ecallaW miJ©