170 | DOSSIER SERVICES | Reconditionnement Par Thierry Bienfait L’IT dans la boucle de l’économie circulaire Pilier du green IT, le réemploi du matériel numériquesur l’évolution du climat qui doute de la détermination réelle de l’industrie de la tech reste sous les radars dans le B to B. Les acteurs à lutter contre l’obsolescence et à s’engager du reconditionnement s’engagent, mais ce marché plus en avant sur la voie de l’écoconception, de la durabilité, de la réparabilité et du recyclage. dépendra du contexte réglementaire et économique. Réglementation versus réalité Il a fallu attendre 2006 pour que la directive DEEE impose aux producteurs (tout professionnel qui met un produits gris sur le marché, qu’il soit fabricant, grossiste ou revendeur) de déclarer la mise en vente d’équipements électriques et électroniques (EEE) ainsi que les quantités collectées et traitées de DEEE. Depuis, la législation exige en outre la mise en place de circuits de collecte sélective des DEEE, le recyclage, la valorisation ou la réutilisation des déchets collectés – ou d’en transférer la responsabilité à des prestataires. Des exigences qui sont désormais quantifiées par des objectifs de collecte et de traitement, révisables tous les deux ans. En 2021, les législateurs français et européens ont enfin renforcé les dispositions de ces réglementations, notamment pour interdire les pratiques d’obsolescence et promouvoir la réparation des appareils. En théorie donc, rien ne serait plus facile que de faire réparer ou recycler un équipement Notre société a placé une foi quasi religieuse informatique. Les utilisateurs y sont encouragés. dans les nouvelles technologies. Pourtant, Depuis 2022, la loi française anti-gaspillage celles-ci peuvent, dans certains cas, représenter pour une économie circulaire prévoit même une menace écologique. La vague des appareils des bonus réparation, atteignant par exemple électroniques mis au rebut grossit de façon 50 euros pour un ordinateur portable. Tant sur exponentielle. Selon la Fédération professionnelle le plan économique qu’écologique, l’intention des entreprises du recyclage, le volume est louable. Mais qu’en est-il dans les faits ? des déchets d’équipements électriques et Une filière dédiée s’est mise en place, qui gravite électroniques (DEEE) augmenterait de 5 % à 7 % autour d’éco-organismes agréés par l’État, par an. En Europe, cela aurait généré en 2022 comme Ecologic, Ecosystem ou European un total d’environ 15 millions de tonnes Recycling Platform (ERP), lesquels chapeautent d’équipements informatiques et électroniques les phases allant de la collecte au recyclage. à recycler. Les volumes à traiter devraient Mais les producteurs d’EEE peuvent préférer dépasser 16 millions de tonnes en 2025, mettre en œuvre leurs propres systèmes de annonce un livre blanc de l’Agence de collecte et de traitement des déchets, à l’instar l’environnement et de la maîtrise de l’énergie du groupe SCC avec sa filiale Recyclea. La plupart (Ademe). Or, malgré une certaine prise de font cependant le choix de s’adresser à un conscience, le scénario du pire est évoqué partenaire spécialisé, tels Evernex, Techbuyer, par le Groupe d’experts intergouvernemental Codeo, Jiliti… Faire recycler et reconditionner des appareils informatiques peut malgré tout Les terminaux représentent79 % relever du parcours du combattant. La raisonprincipale est de nature technique. Des pièces de l’empreinte carbone du secteur IT, qui sont collées ou serrées avec des vis spéciales empêchent le désassemblage. « Par exemple, les data centers 16 % et les réseaux 5 % pour des équipements très fins, les barrettes mémoire peuvent être soudées plutôt que clipsées », Source : Ademe, 2022 reconnaît un responsable de la conformité → | Numéro 135 | Mars 2024 www.edi-mag.fr