LE MONDE DE L’ART I EXPOSITIONS Régions Diomède, sa toute première peinture d’his- toire. Si comparaison n’est pas raison, ses dessins mis en regard de ceux de Jean-Bap- tiste Isabey révèlent les habiles recours de l’artiste pour contourner les influences de ORLÉANS/ ses maîtres, évacuant du même coup le MUSÉE DES BEAUX-ARTS mythe de l’artiste dilettante. Ses prouesses à Ingres, avant Ingres. la pierre noire, sa maîtrise de l’estompe et Dessiner pour peindre des ombres portées, qui matérialisent dans l’espace ses représentations statuaires, Comment débusquer et traduire la beauté annoncent la virtuosité d’une touche qui d’une figure ? Comment y conjuguer tradi- très tôt dépasse l’enseignement de Jacques tion et invention ? Ces questions, qui vont Louis David. Explorant la figure tous azi- tarauder Jean Auguste Dominique Ingres muts, Ingres dépeint son désir dans un tou- tout au long de ses années de formation, chant médaillon dédié à Julie Forestier, sa habitent les 70 œuvres – dessins, estampes fiancée, et s’élance dans la sensualité crue et toiles – chronologiquement présentées d’esquisses érotiques, tirées de ses carnets. aux cimaises du musée orléanais. De son Croquis sur le vif, nus ou compositions des- apprentissage à Montauban puis à Toulouse sinées du Serment des Horaces viennent dire jusqu’à son départ de Paris, en 1806, pour en contrepoint d’œuvres abouties – telle l’Académie de France à Rome, 40 estampes La Belle Ferronnière, d’après Léonard de et dessins autographes, dont six en mains Vinci, qui libère définitivement son trait, ses privées et deux inédits, suivent l’évolution portraits de Jean Charles Auguste Simon ou de son trait. « L’exposition tend à démon- son Torse d’homme – toutes les intimes ful- trer combien son étude plastique des corps, gurances que le peintre va cultiver à l’envi puisée à l’art dela Renaissance, définit son dans ses toiles. Avant Ingres, le peintre œuvre picturale », explique Mehdi Kor- d’histoire s’éveille. chane, soncommissaire, qui dans une suite CHRISTOPHE AVERTY de dix petits cabinets graphiques, égrène les Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867), explorations obsessives du peintre, révélant Musée des beaux-arts, 1, rue Fernand-Rabier, Jean Charles Auguste Simon, 1806, pierre noire ses premiers portraits hésitants – telle cette Orléans (45), tél. : 02 38 79 21 86, et estompe, rehauts de blanc sur papier vélin crème, 42,2 x 37,7 cm (détail). sanguine qui figure Jean Moulet copiée de www.orleans-metropole.fr © ORLÉANS, MUSÉE DES BEAUX-ARTS sonpère, jusqu’à cette Vénus blessée par Jusqu’au 9 janvier 2022. 6 questions à Michel Giraud Ce spécialiste de l’art déco, installé Rive gauche depuis 2001, revient à la Biennale avec un bronze inédit signé d’un grand sculpteur du XX siècle…e Ce qui a déclenché votre vocation ? La phrase professionnelle que vous À l’âge de 21 ans, l’odeur d’un grenier répétez souvent ? rempli de vieux livres. Merci de votre confiance. Mais si tout était à refaire, vous seriez… Vos projets ou prochains temps forts ? Je choisirais le même parcours ; toutefois J’expose à la Biennale (jusqu’au j’éviterais certaines erreurs de jeunesse. 5 décembre, ndlr) mon dernier coup de cœur : un Homme qui marche, créé par Votre dernier coup de cœur ? Alberto en 1946. Un Homme qui marche d’Alberto Giacometti. Galerie Michel Giraud, 35-37, rue de L’artiste ou l’objet d’art que vous Seine, Paris VI , et 77, rue des Archives,e aimeriez présenter ? Paris III , tél. : 01 43 25 11 01e Il y a trop d’œuvres fabuleuses pour galeriemichelgiraud.com n’en choisir qu’une, mais peut-être serait-ce quand même un Botticelli. LA GAZETTE DROUOT N° 42 DU 26 NOVEMBRE 2021 321 © COPYRIGHT AUCTIONSPRESS RD ©