LE MONDE DE L’ART I EXPOSITIONS Le Roux de Tilly de façon plus intimiste, le (Hommage de Salvador Dalí), cinématogra- Paris regard introspectif et la peau rosée comme laporcelaine. Dans une veine plus austère quiphiques (de Federico Fellini à Milos Forman)ou contemporaines (Jake et Dinos Chap- nous conduit aux pays du Nord, Cornelis man), sont révélés les secrets du duo iconique Johnson Van Ceulen (1593-1661) condense Jeunes et Vieilles. Un film du C2RMF retra- GALERIE ALEXIS BORDES toute la lumière sur le visage de ce notable çant leur étude en laboratoire révèle notam- Mythes et figures au temps tenant une paire de gants, dans un tableau où ment la disparité de touche et de format des du Grand Siècle dominent les noirs du vêtement et le bleu nuit deux œuvres, ne pouvant définitivement plus du fond. «Injustement écarté des ouvrages apparaître comme le pendant l’une de l’autre. Pour cet accrochage, Alexis Bordes se d’histoire de l’art, Cornelius Johnson (Jonson « Cette expérience, où l’image vidéo ou numé- concentre sur quelques aspects de l’art du ou Janssens) Van Ceulen fut pourtant consi- rique soutient et éclaire l’œuvre originale, Grand Siècle en une dizaine d’œuvres : les déré de son temps comme un excellent por- propose une alternative », souligne Bruno scènes mythologiques, le portrait et juste une traitiste», détaille Mégane Ollivier. Entre Girveau, directeur du musée. Un work in pro- nature morte de François Habert. Magistrale découvertes, délectation et chefs-d’œuvre. gress, comme l’histoire elle-même ? et baroque, cette peinture est celle d’un STÉPHANIE PIODA CHRISTOPHE AVERTY artiste assez méconnu (actif entre 1640 et 1655), comme le pointe Mégane Ollivier dans Galerie Alexis Bordes, 4, rue de la Paix, Palais des beaux-arts, place de la le catalogue : «La quantité d’œuvres, pour la Paris II , tél. : 01 47 70 43 30, www.alexis-e République, Lille (59), tél. : 03 20 06 78 00, plupart signées, de François Habert contraste bordes.com - Jusqu’au 23 décembre 2021. pba.lille.fr - Jusqu’au 14 février 2022. avec le peu d’éléments dont on dispose concernant sa biographie.» Mais la force de Régions l’exposition réside dans les portraits réunis dans le salon de cet appartement parisien transformé en galerie. La pièce phare ? Le Médaillon de Louis XIV vu du profil droit de Pierre Puget (1620-1694), dont il n’existe que LILLE/PALAIS DES BEAUX-ARTS trois autres versions connues, conservées Expérience Goya dans les musée Granet d’Aix-en-Provence, Lambinet de Versailles et des beaux-arts de Immersion. Le mot, appliqué à une exposi- Marseille. Dans cet exercice contraignant qui tion, fait souvent craindre une débauche vise à représenter une figure du pouvoir, le d’images virtuelles faisant hélas oublier les sculpteur semble focaliser toute son attention œuvres. Pour trouver un juste équilibre entre et sa verve sur la chevelure et le vêtement l’attrait du spectaculaire et un propos érudit, d’apparat. La gouge et le trépan détaillent le Palais des beaux-arts de Lille a misé sur l’in- précisément et avec le plus grand raffinement trigue. S’attelant à percer le mystère des deux des broderies, des rubans et des matières, en fleurons – Les Jeunes et Les Vieilles du pein- contraste avec le fond lisse du médaillon. tre espagnol –, le musée en sonde l’histoire, À l’opposé de cette manière, Nicolas de Lar- nourrie de recherches et d’hypothèses mises gillierre (1656-1746) dépeint Madeleine en perspective d’interprétations posthumes. En préambule, dans l’atrium, une projection à 360° résume en images la production du peintre, des amènes portraits de jeunesse à ses peintures noires. Bien que parsemé d’ani- mations anecdotiques, ce monumental fondu enchaîné, réalisé par Régis Cotentin, commis- saire général de l’exposition, permet d’entrer d’emblée dans l’univers contrasté que déploie une quarantaine d’œuvres du maître en Francisco de Goya (1746-1828), La Porteuse contrebas. Là, quatre espaces thématiques – d’eau, vers 1809-1812, huile sur toile, intitulés « Vida », « Maja », « Nada » et 68,7 x 50,5 cm, Szépmüvészeti Müzeum « Obra » – éclairent la vie du peintre et l’évolu- (musée des beaux-arts), Budapest. tion de sa vision, des paisibles scènes madri- © SZÉPMÜVÉSZETI MÜZEUM, BUDAPEST lènes (Le Parasol, Les Lavandières) aux por- traits humbles (Le Rémouleur) ou aristocra- tiques ( Mariana Waldstein) avant son bascule- TOULOUSE/LES ABATTOIRS ment dans l’isolement tourmenté de sa La Déconniatrie. Art, exil surdité. Cette seconde époque est évoquée et psychiatrie autour par la reconstitution virtuelle des fresques en de François Tosquelles couleur de la Quinta del Sordo, entourée Pierre Puget, Médaillon de Louis XIV des Caprices et des Désastres de la guerre. Au Poursuivant ses recherches sur la création en vu de rofil droitp, marbre de Carrare, 65 x 66 cm. fil de la scénarisation des œuvres de Goya, exil (expositions « Picasso et l’exil » et « Je PHOTOGRAPHIE MICHEL BURY - COURTESY GALERIE ALEXIS BORDESconviant leurs interprétations graphiques suis né étranger »), le musée toulousain part 268 LA GAZETTE DROUOT N° 41 DU 19 NOVEMBRE 2021 © COPYRIGHT AUCTIONSPRESS