LE MONDE DE L’ART I RENCONTRE NDepuis vos débuts dans les années 1990, Cela vient du fait que ces objets sont plus Avec les expositions Peter Hujar en 2019 comment le marché a-t-il évolué ? accessibles financièrement, mais pas seule- et Michael Schmidt l’été dernier, J’ai assisté à la valorisation du livre de photo- ment. Il faut noter que de plus en plus de vous avez joué la carte des redécouvertes. graphie, qui est devenu un objet de collection recherches et d’études s’intéressent à autre Est-ce une marque de fabrique ? à part entière et pour certains exclusif. chose qu’à l’image signée ou identifiée. C’est un paradoxe : en France, alors que les Je note aussi l’intérêt grandissant pour le ver- Cet engouement dénote une relecture de lieux dédiés à la photographie y sont très naculaire, la photo de famille et d’anonyme. l’histoire de la photographie. nombreux, ces deux figures n’avaient jamais eu de grande exposition. C’est notre rôle que de faire redécouvrir les œuvres de grand inté- rêt mal connues. De là à en faire une marque de fabrique… Pour ma programmation, je souhaite surtout créer des ruptures, faire alterner les grandes monographies, réunir expositions historiques et contemporaines, proposer des présentations thématiques occu- pant tout le Jeu de Paume… et ainsi, faire varier les formats et les rythmes. La grande nouveauté sera la tenue au printemps d’un festival, portant sur les enjeux de l’image contemporaine et dédié à la jeune création. Pourquoi ce format ? Je souhaite marquer la différence avec les expositions qui ont occupé l’intégralité de l’es- pace, comme «Le supermarché des images» en 2020. Intitulée «Fata Morgana», en réfé- rence au phénomène optique bien connu des marins, cette première édition portera sur la question de la visibilité. Sous la direction de Béatrice Gross, commissaire indépendante, avec le conseil artistique de la plasticienne Katinka Bock, elle réunira une grande diver- sité de médiums : photographies, films, vidéos, installations, œuvres in situ et sonores, le tout accompagné de performances et de concerts. Je tiens au mot «festival» car il induit une périodicité, que je ne souhaite pas trop précise… Elle sera de deux ans environ. De manière générale, pour la programma- tion, je veux garder de la souplesse et de la liberté, laisser de la place à l’inattendu. Comme nombre de musées, le Jeu de Paume a été actif sur Internet pendant la période de fermeture due à la pandémie. Sous quelle forme ? Avant même la crise sanitaire, je voulais relancer et refonder le magazine en ligne ini- tié par Marta Gili (directrice de 2006 à 2018, ndlr). J’avais prévu de lui donner plus d’im- portance, de visibilité et d’indépendance par rapport aux expositions, avec un comité de Frank Horvat (1928-2020), Deborah Dixon sur les marcs de la Piazza di Spagnahe , Rome, 1962, pour Harper’s Bazaar, exposition à Tours en 2022. © STUDIO FRANK HORVAT, BOULOGNE-BILLANCOURT 260 LA GAZETTE DROUOT N° 41 DU 19 NOVEMBRE 2021 © COPYRIGHT AUCTIONSPRESS