LES VENTES I MONDE LE SIGNE ET LE GESTE Le père de l’abstraction lyrique, Georges Mathieu, compose une symphonie de couleurs et de traits bercée par l’instantanéité du geste. Un style qui trouve un écho chez les Américains de son époque. Chef de file de l’abstraction lyrique en France, Georges Mathieu revendiquait également la paternité du dripping en exposant en 1947, au Salon des Réalités nouvelles, des toiles faites de taches directement jaillies du tube. En 1968, lorsqu’il exécute cette huile, l’artiste a déjà accédé à la consécration officielle avec, notamment, une grande rétrospective en 1963 au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Il est alors occupé par des commandes de la Manufacture de Sèvres ainsi que par des sollicitations pour l’Exposition universelle de 1970, à Osaka. En peinture, il poursuit le langage qu’il a créé au lendemain Georges Mathieu (1921-2012), Sator 1968, 1968, huile sur toile, 89,5 x 162 cm. de la Seconde Guerre mondiale en réaction à l’abstraction Estimation : 180 000/220 000 CHF géométrique. Sator 1968 se base sur cette esthétique du signe et de la rapidité. L’espace de la toile est investi par le geste de l’artiste, identifiant la peinture à l’action. Ces créations ont toutes les esthétiques antérieures ». Ses œuvres figurent, entre naturellement trouvé leur place dans l’exposition collective autres, au musée Guggenheim de New York et à l’Art Institute de de 2017 au Centre Pompidou : « Le geste et la matière, une Chicago. À Hong Kong, le 9 octobre dernier, Sotheby’s a frappé abstraction autre». Le travail de Mathieu a ainsi souvent été une adjudication record pour une huile abstraite de 1978 de 236 comparé à une calligraphie rythmée, apparentée à l’œuvre de sur 250 cm : 18 MHKD, soit 2 M€. Pollock. Il évacue pourtant l’héritage de quarante mille ans d’art, en définissant l’abstraction lyrique comme la « libération de LUNDI 22 NOVEMBRE, ZURICH. GERMANN AUKTIONSHAUS. À la manière de Giordano Luca Giordano, l’un des plus les plafonds de l’escalier de l’Escurial, de la importants peintres napolitains sacristie de la cathédrale de Tolède et du du XVII siècle, a influencé dee Casón del Buen Retiro, à Madrid. Il forme nombreux artistes en Italie où le alors de nombreux disciples et plusieurs thème de Suzanne et les Vieillards œuvres semblent sortir de son atelier ou de s’impose dès la fin du XVI siècle.e son entourage sans que l’on puisse préciser Le sujet est relativement courant dans l’art la participation, ou non, du maître. européen, avec notamment la célèbre ver- Ici, le modelé des chairs, notamment des sion du Tintoret dont la douceur du traite- nus féminins, se rapproche étrangement ment tranche avec l’âpreté du sujet. de ceux auxquels Giordano nous a habi- Si Suzanne illustre les vertus de la modestie tués. En revanche, le mouvement exagéré et de la fidélité, elle donne aussi l’occasion du corps féminin, baigné d’un clair-obscur aux artistes de démontrer leur talent dans la caravagesque, est plus rare chez le maître représentation de nus féminins, pour le plus napolitain. Le baroque, y compris tardif, grand plaisir de leurs mécènes masculins. était friand de ce genre de posture : La présente scène n’est pas étrangère à celle Giuseppe Bartolomeo Chiari intensifiera que dépeint Luca Giordano dans l’huile sur également ce geste dans la version du toile conservée au musée britannique de Walters Art Museum (Baltimore) quand Salford, et dont le style baroque fusionne les Artemisia Gentileschi concentre pour influences vénitienne et romaine dans une sa part la tension sur le jeu des mains tension dramatique propre à ses sujets reli- (château bavarois de Weissenstein). Cercle de Luca Giordano (XVII siècle), Suzannee gieux. De 1692 à 1702, Giordano fut peintre et les Vieillards, huile sur toile, 173 x 123 cm. à la cour du roi Charles II d’Espagne, exécu- VENDREDI 26 NOVEMBRE, MONACO. Estimation : 50 000/70 000 € tant, entre autres œuvres importantes, HERMITAGE FINE ART. LA GAZETTE DROUOT N° 41 DU 19 NOVEMBRE 2021 233 © COPYRIGHT AUCTIONSPRESS