LE MONDE DE L’ART I EXPOSITIONS bondage » tel qu’il était célébré par le psychia- sept portraits des quatre sœurs, réalisés entre tre catalan. D’une pièce à l’autre, les œuvres 1975 et 2021 – soit un par an –, où chacune des patients esquissent les contours d’un rap- figure à la même place. Une constance qui port esthétiqueau monde, conscientisé ou prend les allures d’un exploit quand on sait non. AimableJayet et BenjaminAneval ontr qu’elles ne résident pas dans la même ville. en commun avec Antonin Artaud (ont plu-d Année après année, tirage après tirage – tous sieurs dessins sont présentés) une obsession alignés sur le mur circulaire de ce lieu aty- de la fin des temps. Les scutures en boislp pique qu’est le Château d’Eau –, on contem- d’Auguste Forestier puisent autant dns lae ple le passage du temps. Une seule rupture folklore local (La Bête du Gévaudan 9, 135- dans cet inventaire : 2020, l'année de la pandé- 1949) que dans sa conditonsychiqui p e mie, où la séance s’est faite séparément et à (La Maison aux deux têtes sculptées, non distance, sur écran d’ordinateur. Impercepti- daté). Les broderies de Marguerite Sirvins blement, on voit la jeunesse se muer en âge permettent de redécouvrir une artiste injuste- mûr, puis en vieillesse. C’est simple mais ment écartée par Jean Dubuffet au moment redoutablement efficace. À voir absolument de constituer sa collection. La visite fait la ou à découvrir dans le livre des éditions EXB, part belle aux vidéos puisque François Tos- première monographie de Nixon France. quelles a lui-même filmé son quotidien et uti- SOPHIE BERNARD lisé le cinéma comme outil artistique avec ses patients. Ce parcours passionnant s’achève Le Château d’Eau, 1, place Laganne, sous la nef centrale des Abattoirs avec plu- Toulouse (31), tél. : 05 34 24 52 35, sieurs œuvres contemporaines, dont une salle www.galeriechateaudeau.org Romain Vigouroux, François Tosquelles Dots Obsession de la Japonaise Yayoi Jusqu’au 16 janvier 2022. brandissant un bateau d’Auguste Forestier, Kusama, qui vit par choix dans un hôpital psy- surle toit du poulailler, été 1947, photographie, chiatrique depuis 1977. 16,9 x 12 cm, collection Damille Ou-Rabah - CAMILLE LARBEY On en parle Tosquelles. Les Abattoirs, 76, allée Charles-de-Fitte, sur les traces du docteur François Tosquelles Toulouse (31), tél. : 05 62 48 58 00, Une fois n’est pas coutume, Étienne (1912-1994), dont les avancées en psychiatrie www.lesabattoirs.org Bréton a choisi de nous faire découvrir ont « décamisolé » l’art brut. Républicain Jusqu’au 6 mars 2022. non pas un peintre méconnu ou un catalan passé par le camp de concentration de tableau inédit, mais l’œuvre Septfonds à son arrivée en France, Tosquelles céramique de Max Laueger, dont il a officia à l’hôpital de Saint-Alban (Lozère) où, TOULOUSE/LE CHÂTEAU D’EAU réuni une trentaine de pièces. Puisant dès son arrivée, il fit abattre les murs d’en- Nicholas Nixon : son inspiration dans la nature, l’artiste ceinte pour en finir avec la vieille psychiatrie une infime distance allemand se révèle un subtil coloriste de claustration. Selon lui, pas de soin possible sans une réintégration sociale et, surtout, une Pour sa deuxième programmation en tant au graphisme original, apparenté au pratique artistique. « Ici personne ne te juge, que conseiller artistique du Château d’Eau, Jugendstil et au Werkbund. tu peux déconner à ton aise », répétait-il à ses Christian Caujolle. Il présente l’intégralité «Max Laeuger. 1864-1952. Trente patients. La « Déconniatrie », comme Tos- des «Brown Sisters», série mythique de céramiques», Saint Honoré quelles surnommait la psychiatrie, donne son Nicholas Nixon, du jamais-vu en France. Art Consulting, 364, rue Saint-Honoré, titre à cette exposition transversale. Le com- S’ajoute un ensemble représentatif des cin- Paris I , tél. : 01 44 77 98 90 - Jusqu’auer missariat revendique ici un « droit au vaga- quante ans de carrière de l’Américain, plus 26 novembre 2021. un florilège qu’une rétrospective. Tant mieux, le visiteur n’est pas assailli par un flot d’images. Celles choisies avec soin ne souli- gnent que mieux la spécificité de ce photo- graphe documentaire et les thèmes qui l’ani- ment jusqu’à l’obsession : la vie, la mort, le vieillissement, de sa série sur les enfants dans les années 1970 à ses autoportraits récents, en passant par les malades du sida, qu’il a docu- menté en précurseur dès 1987. Cette sélecti- vité fait aussi écho à la pratique de celui qui photographie à la chambre, et donc avec parcimonie. Indéniablement, les «Brown Sis- ters» constituent le cœur de l’expo : quarante- Max Laeuger (1864-1952), vases, céramique. Nicholas Nixon (né en 1947), © PHOTOGRAPHIE GUILLAUME BENOIT The Brown Sisters, 1975. © NICHOLAS NIXON LA GAZETTE DROUOT N° 41 DU 19 NOVEMBRE 2021 269 © COPYRIGHT AUCTIONSPRESS ZIUR OTREBOR ©