LES VENTES I RÉGIONS LE CHARME FACÉTIEUX DE L’ART GALLO-ROMAIN Datée de la fin du IIe siècle ou du Rodez en 1963-1966. Si certains voulaient à La Bastide-L’Évêque, lors d’un labour. IIIesiècle de notre ère, cette tête de alors voir en ce faune la tête d’un Bacchus Cet endroit était particulièrement riche faune gallo-romaine proviendrait en marbre trouvée en 1827 à en œuvres d’art, sans doute grâce à la de la région de l’Aveyron. La Madeleine, près de Villefranche-de- présence de l’intendant Zmaragdus, Ce marbre blanc présente le visage d’un Rouergue (à huit kilomètres à vol envoyé par l’empereur Tibère afin d’y faune moustachu. Les créatures d’oiseau du château de Réquista), dont exploiter une mine de plomb et d’argent. mythologiques romaines – alter ego des la trace était perdue, selon la tradition satyres grecs – connurent une grande familiale de ses propriétaires il aurait été VENDREDI 26 NOVEMBRE, TOULOUSE. popularité dans toute la Gaule. plutôt mis au jour au lieu-dit Le Serre, IVOIRE - PRIMARDECO OVV. M. CAILLOU. Mi-homme mi-bouc, descendant du roi du Latium Faunus et de Saturne, le faune est également le compagnon de Bacchus, avec lequel il partage le goût du vin et de la fête ; poursuivant assidûment les nymphes de ses ardeurs, il aime également jouer de la flûte. Se situant entre monde civilisé et sauvage, ces êtres sont emblématiques du paganisme joyeux de l’époque gallo-romaine. La bouche entrouverte laissant apparaître sa langue, notre modèle présente de plus des oreilles pointues, des iris incisés et des pupilles creusées. Sa chevelure est particulièrement travaillée – au trépan, comme c’était la coutume à cette époque en sculpture. D’une belle expressivité, cette tête fut présentée à l’exposition «Des beaux-arts et arts rétrospectifs» organisée par la municipalité de Rodez en juin et juillet de l’année 1892. Elle portait alors le numéro 311 du catalogue. Elle fut à cette occasion prêtée par son propriétaire d’alors, M. d’Ardenne de Tizac. Ce dernier la conserva par la suite dans son château familial de Réquista, à La Bastide- l’Évêque. Elle fut finalement «redécouverte» au début des années 1960 par le spécialiste Gilbert Bou, qui lui consacra des articles, dont ses «Notes d’archéologie gallo-romaine sur la région de La Bastide-l’Évêque» dans les procès- verbaux des séances de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, à Art gallo-romain, probablement fin du II-e III siècle apr. J.-C., sud du Massif central.e Tête en marbre blanc d’un faune moustachu, h. 29 cm. Estimation : 30 000/40 000 € LA GAZETTE DROUOT N° 41 DU 19 NOVEMBRE 2021 155 © COPYRIGHT AUCTIONSPRESS