LES VENTES I ILE-DE-FRANCE LES SIRÈNES DE L’ART DÉCO De Chiparus à Dunand, les artistes sont par les poses des modèles, et les effets des sous le charme d’une nouvelle image matériaux précieux. Demeter Chiparus l’a bien de la femme. compris, le sculpteur préférant s’orienter vers La femme moderne est née avec l’esprit de de petits formats décoratifs adaptés aux liberté soufflant sur les années 1920. Grâce intérieurs, plutôt que de suivre la voie des à une indépendance chèrement acquise pendant monumentales commandes officielles pour les la Première Guerre mondiale, elle a libéré son éditions du Salon. Son choix de la technique corps du carcan des vêtements et pratique de chryséléphantine lui permet de traduire au nouvelles activités, comme certains sports, qui mieux l’ambiance de luxe et d’exotisme qui lui donne un statut de créature sensuelle règne alors à Paris, et le pantographe lui permet et mystérieuse. Les silhouettes longilignes de reproduire ses œuvres à différentes échelles. et gracieuses deviennent les égéries des artistes. Du haut de ses 75 centimètres, cette Étoile Chevauchant une antilope, une nouvelle Diane des mers est la plus grande version de ce modèle s’élance ainsi sur un vase de la série de charme. «Venatoria» créé par Gio Ponti pour Richard Ginori, vers 1929 (4 000/6 000 €), tandis qu’une MARDI 23 NOVEMBRE, NEUILLY. AGUTTES OVV. nymphe parée de corail se rafraîchit sous les gouttelettes d’argent d’un jet d’eau, sur un Demeter Chiparus (1886-1947), Étoile des mers , panneau de laque signé Jean Dunand, en 1928 sculpture chryséléphantine à patine argentée (45 000/60 000 €). Avide de plaisirs légers, reposant sur une base en onyx, épreuve en la période de l’entre-deux-guerres est propice bronze patiné, tête et mains en ivoire, signée, à la fantaisie des œuvres. Elles mêlent le 75 x 23 cm. réalisme des physionomies à l’imaginaire suscité Estimation : 60 000/80 000 € Vlaminck, l’instinct du paysage Par le jeu de la couleur comme celui de la composition, le peintre reconstruit son sujet. Les paysagistes auront la part belle dans cette dispersion d’art moderne et contemporain. Chacun aura son site de prédilection, de la Creuse immortalisée par Armand Guillaumin en 1912 (28 000/ 40 000 €), au Moulin de Sannois peint par Maurice Utrillo en 1952 (50 000/55 000 €), ou encore Chatou avec Maurice de Vlaminck, vers 1914. Le peintre a donné le nom de la petite ville à son école artis- tique, qu’il a fondée avec son ami le plus proche, André Derain, ren- contré en 1900. La période comprise entre ces deux dates a été déci- sive pour Vlaminck. Marqué par la rétrospective Van Gogh présen- tée par la galerie Bernheim-Jeune en 1901, l’autodidacte emploie les couleurs pures de manière instinctive et arbitraire, avec une violence qui le classe parmi les fauves du Salon d’automne de 1905. Deux ans plus tard, étant parvenu aux limites des outrances chromatiques, il désire cependant de «revenir au sentiment des choses». Suite à sa découverte de Cézanne, à la faveur de la rétrospective du Salon d’au- tomne, en 1907, il met l’accent sur l’ordonnancement de ses compo- sitions, structurées par des formes simplifiées et des volumes cernés Maurice de Vlaminck (1876-1958), La Seine à Chatou, vers 1914, de noir, animant ses sujets par des effets de contrastes lumineux plu- huile sur toile, 60 x 73 cm. tôt que par l’intensité de ses couleurs. Cette toile résume à elle seule Estimation : 60 000/80 000 € ce qui fera alors la patte du peintre. Également grand amateur de paysages, Pierre Auguste Renoir a choisi un cadre champêtre pour DIMANCHE 21 NOVEMBRE, VERSAILLES. une Étude de nu peinte en 1887, qui sera proposée autour de 70 000 € OSENAT OVV, M. MORIN-WILLIAMS. (23,2 x 21,5 cm). 136 LA GAZETTE DROUOT N° 41 DU 19 NOVEMBRE 2021 © COPYRIGHT AUCTIONSPRESS