LES VENTES I PARIS RÊVERIE ITALIENNE Amaury-Duval se serait contenté, Le peintre endormi revêt les traits dit-on, d’une carrière honorable d’Edmond Geffroy (1804-1895), et discrète. À l’exception peut- sociétaire de la Comédie-Française, être de cette composition, à qui l’œuvre a appartenu, et dans la impressionnante par son format, famille duquel elle est demeurée. «Vous mais surtout par son sujet… serez un peintre […] aimable», avait dit À quoi rêve-t-il ce peintre, la tête Ingres à Amaury-Duval, son élève, nonchalamment appuyée sur une main, représentant de la tendance archaïsante un pinceau dans l’autre ? Pendant et préraphaélite dans les années 1830. que le héros est au pays des songes, Très attaché lui-même à sa composition, les anges sont tout à leur ouvrage, Amaury-Duval pense que la critique ne ou plutôt au sien. Les uns observent, saura pas la recevoir et que le Salon ou peut-être conseillent le maître sera plus clairvoyant. C’est tout le d’œuvre, debout, les ailes déployées, contraire qui se produit. Il est refusé face à son sujet, un autre lui tend pot et en 1837, en dépit des éloges de la presse, pinceau, un autre encore l’accompagne qui vante une «œuvre d’un haut mérite de sa musique. Envoûté par la beauté qui rappelle à la fois le dessin ferme de la ville de Florence, où ce tableau et correct de M. Ingres et la manière a été réalisé en 1836, Amaury-Duval – simple et gracieuse des maîtres de Eugène Emmanuel Pineu-Duval de son l’école florentine». Reste à savoir Amaury-Duval (1808-1885), Le Songe du peintre vrai nom – reprend une légende selon comment il sera accueilli aujourd’hui… (ou Un peintre endormi près de son tableau et des anges laquelle le visage de la Vierge aurait été qui terminent son œuvre inachevée), peint par un ange pendant le sommeil MERCREDI 24 NOVEMBRE, huile sur toile, 164,5 x 123 cm. du peintre Fra Angelico, dans la SALONS DU TROCADÉRO. MILLON OVV. Estimation : 80 000/100 000 € basilique de la Santissima Annunziata. MME RITZENTHALER. Un message à caractère publicitaire Redécouvert, ce tableau mettant en scène Napoléon Bonaparte dans le parc de Malmaison, montre une autre facette de l’œuvre d’Hubert Robert. Chaussé de bottes, coiffé d’un bicorne, celui qui n’est pas encore Empereur des Français mais a déjà glissé la main gauche dans son gilet, se promène. Non loin de lui, Joséphine et une dame de compagnie se dirigent vers une fabrique décorée de pots de fleurs. Les silhouettes sont esquissées, évoquées. Le tableau a longtemps été donné à Constance Marie Charpentier (1767-1848). C’est en fait un hommage d’Hubert Robert à Joséphine, passionnée de botanique et qui veillera personnelle- ment aux aménagements de ce domaine des environs de Paris, acquis en 1799. Le bois avec ses hauts arbres rappelle les forêts d’Amérique que la jeune femme souhaitait y implanter, l’abri couvert de chaume répond à la mode des fabriques rustiques. Hubert Robert a-t-il peint cette œuvre au format peu coûteux en espé- rant que Joséphine lui commanderait une «vraie» peinture, voire l’aménagement du parc ? Il la rencontre en mars 1800 et la conseille dans le choix de quatre tableaux pour décorer Malmaison. Il est une personnalité appréciée de la vie artis- Hubert Robert (1733-1808), Napoléon Bonaparte devant une tique et mondaine, donne des leçons de dessin à Juliette Récamier et travaille aux fabrique imaginée pour le jardin de Malmaison, aménagements du château de Lagrange pour le marquis de Lafayette. L’artiste huile sur toile, vers 1800, 37,5 x 50 cm. n’est toutefois pas mentionné dans les archives relatives aux commandes de pein- Estimation : 15 000/20 000 € ture ou à la participation aux travaux du jardin. N’oublions pas qu’en 1796 il a signé la pétition contre le déplacement des œuvres d’art provenant d’Italie. Il est difficile aussi de présumer de son sentiment à l’égard de Napoléon, après que celui- ci a dissous (le 19 novembre 1802) le conseil des artistes gérant collégialement le MARDI 23 NOVEMBRE, SALLE 5 – HÔTEL DROUOT. musée central des Arts, futur musée du Louvre, pour lequel il a œuvré. AUCTION ART RÉMY LE FUR & ASSOCIÉS OVV. 60 LA GAZETTE DROUOT N° 41 DU 19 NOVEMBRE 2021 © COPYRIGHT AUCTIONSPRESS