CULTURE LIVRES Street photography QUAND ELLE MEURT À PLUS DE 80 ANS, en 2009, à Chicago, ce sont les trois frères dont elle a été la nurse pen- dant dix-sept ans qui l’enterrent. Au même moment, un jeune agent immobilier trouve, dans quelques cartons extraits d’un garde-meuble anonyme et vendus aux enchères, quantité de photos et de négatifs d’une surpre- nante qualité artistique. Avec délicatesse, Gaëlle Josse raconte la vie de Vivian Maier, photographe de génie qui fut bonne d’enfants pour gagner sa vie, affronta une histoire familiale diffi cile, fi t un tour du monde à la fi n des années 1950 mais, surtout, fut l’arpenteuse anonyme et tenace des rues de New York, Chicago, Los Angeles, mettant toute sa force intérieure à photographier les plus démunis, les perdants magnifi ques, comme elle, du rêve américain. Celle qui regardait avec tant de puissance fut invisible toute sa vie. Un livre bouleversant. I.P. Extraordinary eye Shortly after Vivian Maier died in her eighties, a real estate agent looking through a furniture storehouse hap- Une femme en contre-jour, Gaëllepened across a few boxes of her photographs and recognized their astonishing artistic quality. In A Woman Josse, Les Editions Noir surAgainst the Light (in French), author Gaëlle Josse retraces the life of a superb photographer who earned her living Blanc, collection Notabilia,working asa nanny. In her off hours, she roamed the streets of the cities where she lived—New York, Chicago, 160 p., 14 €. Los Angeles—capturing images of the forgotten people. Thelosrs, like eher, in the legend f the Ameico r anrdeam. Vie sauvage UN TRAFIC AUX RAMIFICATIONS complexes tue les éléphants les uns après les autres pour s’emparer de leurs défenses. Beaucoup ont trouvé refuge, du delta de l’Okavango à la rivière Chobe, au Botswana, l’un des rares pays d’Afrique exprimant une véritable volonté de lutter contre le braconnage. A la fois polar et récit d’aventures, ce roman amoureux de la faune sauvage met en scène plusieurs personnages engagés. La Française Irin qui a pris la tête d’une réserve, Bojosi, ancien braconnier devenu ranger, Seretse, jeune homme qui a réussi à l’école et se retrouve à travailler pour le ministère de l’Environnement, lequel, même si ce n’est pas vraiment de son goût, l’envoie sur le terrain… Dans des paysages grandioses, ils vont se battre ensemble pour une cause qui les dépasse et les inspire. Car sauver ces animaux, c’est mériter d’habiter cette terre et c’est nous sauver nous-mêmes. I.P. For dear life As a result of black market demand, African elephants continue to be slaughtered for their tusks. Part thriller and part adventure novel, Ivory (in French) by Niels Labuzan depicts the plight of an endangered species through theIvoire, Niels Labuzan, stories of a cast of dedicated activists: Irin, a Frenchwoman who runs a wildlife preserve, Bojosi, an ex-poacheréd. JC Lattès, 350p., 18 €. turned ranger, Seretse, a young fi eld agent for Botswana’s Ministry of the Environment… Amid the magnifi cent landscapes of the Okavango Delta, they fi ght together for a cause that is both their inspiration and their despair. Cheminant, dessinant LES PROJETS ARTISTIQUES qui s’étalent sur la durée dégagent souvent une émotion particulière. La dessinatrice Lee Mekyeoung a croqué pendant plus de vingt ans des petites épiceries croisées au gré de ses déplacements dans son pays, la Corée. De ces endroits traditionnels, construits parfois de bric et de broc, au cœur ou à l’orée des vil- lages, où s’incarne une vie collective, où se racontent les histoires des environs, où s’échangent mille ragots. De ces endroits chassés petit à petit par le progrès et les zones périurbaines, dont l’auteure a voulu garder une trace. Il en résulte des dessins minutieux, d’une beauté merveilleuse, qui mettent en valeur une grande variété d’architectures et de paysages. Ils sont accompagnés de courts textes dans lesquels l’auteure évoque ses souvenirs d’enfance et ces humbles petites choses du quotidien où se niche beaucoup de poésie. Un travail de mémoire enchanteur. I.P. Simpler times For more than 20 years, the Korean illustrator Lee Mekyeoungmade sketches of the neighborhood food shops Les Petites Epiceries de mon enfance,that she saw in her travels. The Little Groceries of My Childhood(in French) depicts these centers of local life, Lee Mekyeoung, éd. Philippegathering places where people share news and gossip, nowdisappearing in the name of progress. Her enchant- Picquier, 208 p., 26,50 €.ing, meticulous drawings reveal the architectural and topographical variety of her country, accompanied by texts recounting childhood memories and the small everyday pleasures that give life charmand poetry. AIR FRANCE MADAME / 87