Ci-contre à gauche : sur la route en direction d’Assainie, des palmiers ont été peints en rose. Ci-dessous : un bâtiment datant de l’époque coloniale à Grand-Bassam, ville balnéaire à45 minutes d’Abidjan en voiture, très prisée des touris aditionnellestatue trtes. Page de gauche : africaine, collection personnelle Cécile Fakhoury. Le vent pourrait être en train de tourner à Abidjan. Un œil sur le marché, Cécile Fakhoury n’oublie pas pour autant la transmission et le dialogue entre les artistes, qui est au cœur de son engagement. La pre- mière exposition de la galerie mettait d’ailleurs en scène la rencontre entre Aboudia, jeune artiste aux dessins “écorchés vif”, et feu le “sage” artiste et poète Frédéric Bruly Bouabré. Dans son deuxième espace ouvert en 2018 à Dakar (Sénégal), la Fran- çaise a mis en lumière l’échange entre trois artistes d’une même généra- tion, Armand Boua, Yéanzi et Aboudia, sur des questions d’identité et de patrie. “Dans ce pays où les notions de famille et d’enracinement ont été bousculées, chacun se réinvente. Lorsqu’on achète une peinture incar- née comme celle d’Aboudia avec ses personnages aux yeux globuleux et aux bouches acérées, on achète une époque”, souligne celle qui a à cœur d’encourager des initiatives hors cadre pour créer des liens entre l’art et la vie. Comme cette vidéo d’Ejaliza Aila, montrant le labeur quotidien des pêcheurs pour franchir la barre de l’océan, qui a créé la surprise auprès d’un public peu habitué à ce médium. Pour cette passionnée, chaque rencontre est l’occasion d’une nouvelle lecture du tissu local et de l’humain à l’échelle universelle. Aujourd’hui, elle rejoint Sadikou Oukpedjo dans son atelier de Bingerville, à l’écart du centre-ville. Une cabane en tôle rouge ouverte sur la brousse, où il < building where he spreads out vast canvases on a installé d’immenses toiles à même le sol qu’il saupoudre de pigments the floor, sprinkling them with pigments like a farmer à la façon d’un paysan semant la terre. Du bout de ses orteils, il étale la sowing seeds. With the tips of his toes, he spreads and couleur avec une dextérité toute naturelle, formant, au fil des heures, des blends the colors, gradually forming images of half- créatures mi-animales, mi-humaines. Livré à lui-même dès le plus jeune human, half-animal figures. Now in his thirties, Sadikou âge, Sadikou, la trentaine, a été “sauvé” par un professeur d’art plastique had a hard childhood: abandoned as a young boy, he bienveillant qui repère son talent précoce. Au gré d’une odyssée entre was “saved” by an art teacher who discerned his talent. le Togo et le Bénin et d’explorations à travers les matières, on lui pro- After an odyssey through Togo and Benin, he was pose d’exposer pour la première fois, en 2014, à la Biennale de Dakar. asked to exhibit his work for the first time at the Dakar “L’homme se convainc en permanence qu’il n’est pas un animal, alors Biennale in 2014. “Man is constantly convincing himself que nous pouvons vivre en communion avec les objets et la nature”, that he’s not an animal,” the painter says, “but we lâche-t-il après un long moment suspendu, bercé par le coquelinement can still live in communion with nature and the things de coqs sublimes. La jeune femme écoute l’artiste raconter son parcours around us.” Fakhoury listens raptly as he recounts his en silence, consciente et admirative qu’une telle résilience ait été rendue story, thankful and elated that such resilience could be possible par l’art. made possible through the power of art. AIR FRANCE MADAME / 173