STYLE CRÉATEUR Page de droite : soucieux de conjuguer savoir-faire familial et modernité, Gianvito Rossi, ici dans son bureau, trouve l’inspiration dans le dessin. Page de gauche : dialogue entre un escarpin classique Gianvito Rossi et une lampe de Paolo Rega. L’entrée de la boutique, adjacente aux bureaux, écrin féminin signé Patricia Urquiola. et écoute attentive. Fils de Sergio Rossi, l’un des maîtres du talon haut les plus plébiscités par les stars de son époque, la route semblait toute tracée pour lui. Pendant vingt ans, il travaille dans la maison “sans avoir jamais vraiment choisi de métier”. Mais lorsque la marque est vendue en 2005, l’évidence lui saute aux yeux : il doit créer sa propre signature, avec ce même gage de qualité dont il est l’héritier. De toutes ces années d’enfance passées dans l’atelier paternel, au cœur d’un petit village de l’Emilie -Romagne, ce seront la technicité, l’authenticité et la virtuosité des gestes de l’artisan qui le fascineront, plus que le glamour. “Je regarde beaucoup les femmes marcher. Tout part des pieds. Ce sont eux qui dirigent la position du corps. Nous ne faisons que créer des acces- soires, rien de plus, mais la chaussure n’est pas un accessoire anodin.” Outil de pouvoir, machine à séduction, le stiletto reste le meilleur prologue à une allure féminine. “Cela reste un objet. Mais le véritable objet de luxe n’existe pas sans la valeur plaisir”, explique celui qui prône, dans son travail comme dans la vie, l’équilibre entre le masculin et le féminin, la fragilité et la force, la douceur et la maîtrise. “Sans cette dualité, il n’y aurait pas de plaisir.” Il suffit de porter quelques heures une “Portofino” pour comprendre. dictate the position of the body. All we do is create accessories, nothing more, but a shoe is no trivial accessory. It remains an object, but a true luxury object cannot exist without pleasure value.” Rossi believes in the importance of balancing masculine and feminine, fragility and strength, tenderness and assertiveness. “Without this duality there would be no pleasure,” he adds. As any woman who has worn a pair of his Portofinos will understand. AIR FRANCE MADAME / 123