Juillard c’est le Jean Rochefort de la bande dessinée, et je dis pas ça parce qu’il dessine bien les chevaux, je parle de l’élégance, son trait, c’est de la plume distinguée, pas de la plume bien élevée, de la plume distinguée ! De celle qui ne s’apprend pas, (je le sais, j’ai essayé… vous pouvez toujours faire vos gammes, c’est plié !) Puisque vous me parlez musique, un guitariste peut commencer à faire son malin quand on dit de lui « il a le Son », André, quand il trempe sa plume dans l’encrier, quand il la pose sur le papier, il a le Trait, d’emblée reconnaissable, maîtrisé et envié. Ça doit remonter à loin cette noblesse de plume, affûtée, affinée de génération en génération, je vois pas d’autres explications pour me rassurer. Dans les grottes de Lascaux on devait déjà jalouser la chose ! « Putain venez voir le mammouth d’André ! La classe! » En deux notes on reconnaît Mark Knopfler… en deux traits on reconnaît André Juillard ! Dans les deux cas, c’est de la grande musique ! Jean-Pierre Gibrat