10 Bd et illustration Je ne m’autorise pas à faire beau, dans le sens « démonstratif » en BD, le dessin doit être au service exclusif de l’histoire. D’ailleurs je me sens de plus en plus scénariste lorsque je fais un album. Un dessin sur une demi-page et, a fortiori sur une pleine page doit exister uniquement s’il fait sens dans le récit. Pour les dessins grands formats il existe d’autres formes, les « Art books », les illustrations… Hors album en revanche, j’adore travailler sur une seule image, libre de toute contrainte narrative ; on peut mettre en scène les personnages, tout le monde peut figurer à l’image, se côtoyer, les pires ennemis, les vivants comme les morts. Je peux me concentrer uniquement sur la lumière, les textures, le cadrage, les seconds plans. Même si je fais mes essais couleurs sur ordinateur, je dessine toujours sur papier, à la main. J’aime la notion de défi, de combat lorsque on fait naître de telles images. Il y a toujours des accidents heureux ou malheureux, l’encre qui ne produit pas l’effet escompté, l’aquarelle qui se rebelle, des réactions inattendues avec lesquelles il faut composer, improviser. On pense avoir tout envisagé, planifié et puis soudain on se retrouve en pleine zone de guerre, il faut agir, trouver des solutions, c’est extrêmement excitant et souvent le rsultaté final transcende l’idée initiale. Il m’a fallu du temps pour comprendre qu’il ne sert à rien de s’arcbouter sur l’envie de départ, le vrai plaisir du dessin est dans le lâcher prise. Ventes aux enchères et marché des originaux Il s’agit du premier catalogue de vente aux enchères dédié à mon travail avec Daniel Maghen, après deux expositions avec sa galerie. L’équipe est efficace, à l’écoute, réactive, investie. J’apprécie son souci du dialogue et de la transparence. Présenter et accepter de se séparer de certaines de ses œuvres est unchemin d’apprentissage. Au tout début, je n’envisageais pas de vendre mes originaux, je gardais tout dans mes cartons à dessins. J’y étais trop attaché. Et puis, j’ai évolué. Aujourd’hui et grâce à ma collabo- ration avec Daniel Maghen, c’est devenu quelque chose d’important pour moi. Chaque vente en galerie a donné lieu à une exposition qui est comme un repère dans mon travail, d’autant plus lorsqu’un catalogue en garde la trace, dans le cas de cette vente aux enchères. Je n’aime pas vendre mes dessins en direct, à la sauvette, sans qu’ils aient été accrochés et visibles par tous. Je prends énormément de plaisir à réaliser ces images et je m’in- vestis beaucoup dans ce que je présente car j’aime le côté évènementiel de l’exposition et de la vente. C’est évidemment aussi une rentrée d’argent, des moyens supplémentaires, le confort surtout d’avoir plus de temps pour travailler sur mes albums, de ne pas être pressé. Cela me permet de choisir ce que je veux faire et de n’être pas contraint d’accepter n’importe quoi par nécessité. Au final vendre mes dessins, c’est plus de liberté dans mon travail et dans ma vie.