2 ANDRÉ JUILLARD LE CAHIER BLEU, Casterman 1994 Projet de couverture. Signé. Mine de plomb sur calque 53 × 36 cm(20,87 × 14,17 in.) 8 000 - 10 000 € Sur papier calque, André Juillard a fait tirer par l’éditeur la maquette de couverture du Cahier bleu : elle en porte le titre, dans la graphie manuscrite de l’artiste. Le fauteuil 1925 où se love Louise et qui est, de case en case et d’esquisse en illustration, l’un de ses refuges favoris, appartient depuis longtemps au mobilier d’André Juillard. Sur la couverture définitive, seule sa couleur rouge originelle sera troquée pour un bleu moins violent. Autres preuves de l’intimité qu’il entretient avec ses univers imaginaires, cette sacoche et ce 24 x 36 Pentax sont également propriété de l’artiste. Quant à elle, une Louise parfaitement croquée a abandonné la lecture du cahier bleu pour le songe. Une rêverie douce-amère, à en croire les pétales tombés des fleurs ornant la cheminée. Tout ce que j’aime chez André Juillard se trouve concentré dans ce projet de couverture. La qualité et la précision du crayonné, bien sûr, qui installent le personnage, mais aussi la qualité de l’absence, ce vide qui instaure une interrogation, un mystère, une attente… Ce vide criant de présence. André dessine aussi le vide. Enki Bilal C’est toujours émouvant de voir le cheminement d’un dessin et en l’occurrence celui d’une couverture, maintenant si célèbre. Ici, une vue frontale, avec des verticales rigides qui accentuent d’autant plus la sensualité de Louise pelotonnée dans son fauteuil. Le trait si précis et si élégant d’André Juillard cerne les objets, mais il se fait suave et doux quand il caresse le visage et le corps de la jeune femme avec de souples hachurages qui les modèlent. Je suis vraiment captivé par la beauté de ce dessin empreint de calme, de sérénité et de mélancolie. Quel talent pour arriver à cela avec un simple crayon. Du grand art. Patrice Pellerin 16