CULTURE PORTRAIT Desire and destiny Jamais deux sans trois TWO MEN, ONE WOMAN AND ONE BIG SECRET: A FRENCH AUTHOR’S DEBUT NOVEL Un couple, un ami fidèle, un secret, l’écho d’une ABOUT LOVE, FRIENDSHIP AND BETRAYAL. guerre… Premier roman d’une Française d’origine Even though she hasn’t lived in France for 13 libanaise vivant à Boston, qui parle d’amour, d’amitié, years, Sandrine Yazbeck wrote her first novel de trahison. Rencontre avec Sandrine Yazbeck. in French. “I grew up in Caen,” she recounts. “My mother is French and my father’s from Leb- Par Isabelle Potel anon. I was born duringthe Lebanese Civil War and saw my father cry when we had no news C’EST COMME UNE BOUCLE. Alors qu’elle avait toujours rêvé de vivre à of my grandmother for three months. I knew l’étranger et qu’elle a fini par le faire à l’orée de la trentaine, partant vivrethat I wanted to write about war…” sept ans à Londres puis installée depuis six ans à Boston, Sandrine YazbeckAs though the topic could only be broached a écrit son premier roman en français. “Je me demandais si ce serait pos-by stealth, Imperfect(in French only)begins like sible, alors que toute ma vie se passe maintenant en langue anglaise… J’aia love triangle comedy. Gamal, a war corre- grandi à Caen, ma mère était française, prof de physique-chimie, mon spondent, was married to Clara, wholeft him père libanais, avocat et poète. On passait nos vacances à Positano, en Ita-five years ago, leaving no trace. His childhood lie, où se retrouvait la famille éparpillée de mon père. Je suis née pendantfriend Howard, an editorial writer secretly in la guerre du Liban qui a commencé en 1975 et j’ai vu mon père pleurer love with Clara, conceals from Gamal that he quand on est restés sans nouvelles de ma grand-mère pendant trois mois.knows where she is. Their rivalry feeds on Je savais que je voulais parler de la guerre, mais pas de celle-ci en particu-itself: Gamal thinks that Howard is a sinecurist, lier, que ce soit universel.” Howard thinks that Gamal has Comme si l’évocation de la guerre ne pouvait se faire qu’à pas wasted his life chasing con- feutrés et presque en trompant son monde, le roman s’annonce flict… Slowly, the story gains d’abord comme une comédie autour d’un trio à la Jules et Jim. tragic momentum, its intensity Gamal, moitié anglais, moitié égyptien et ancien reporter de heightened by a bare-bones guerre, est marié à Clara qui l’a brusquement quitté sans laisser narrative style. de trace voilà cinq ans. Howard, éditorialiste politique et ami “The characters lie to each de jeunesse de Gamal, aime Clara en secret depuis toujours, other, but also to themselves,” et a caché à Gamal qu’il sait où elle se trouve… Entre les deux Yazbeck explains. “I know hommes il y a une femme mais aussi une rivalité inépuisable : a lot about this: I became a pour Gamal, Howard est un planqué ; pour Howard, Gamal lawyer to please my father, but a couru tous les conflits du monde en vain, sans compter un found the workdraining. One épisode qui continue de le hanter et dont il s’est cru guéri à tort. day I realized that this wasn’t Petit à petit, le roman gagne en intensité tragique, mais toujours avecthe life for me. At age 29 I left everything—job, brièveté et sobriété (“Pourquoi une phrase si elle n’est pas absolumenthusband…—and took off for London.” Continu- indispensable ?”) ing to practice law, she married an Irishman “Ainsi les trois personnages se mentent les uns aux autres, précise San-who, two children later, was transferred to drine Yazbeck, mais surtout se mentent à eux-mêmes. J’en connais un Boston. “Then I finally took the leap,” she says. rayon dans ce domaine. Je suis devenue avocate parce que mon père le “I gave up on financial independence and voulait, spécialisée en fiscalité internationale – une carrière pénale mestarting writing.” The first fruit of which is this faisait trop peur – et j’ai débuté à Paris dans un cabinet anglo-saxon.singular, headily enchanting novel. Niches fiscales, stock-options, je me sentais vide à la fin de la journée ! J’ai changé de job, je me suis mariée et en visitant un appartement, j’ai su que j’étais dans le déni, que ça n’était pas ça ma vie. J’ai tout plaqué à 29 ans et je suis partie à Londres.” Elle continue alors à bosser comme avocate, épouse un Irlandais, a un premier enfant, multiplie les bou- lots (marketing d’une start-up mode, ressources humaines dans une boîte d’extraction de pétrole…) mais toujours s’ennuie. Quand l’enfant a 6 mois, elle et son mari prennent une année sabbatique (Afrique du Sud, Provence, Irlande, Etats-Unis…) et “c’est là que j’ai commencé à écrire”. Un deuxième enfant, un site de vente valorisant des designers français, son mari nommé à Boston : “Cette fois j'ai sauté le pas, j’assume de renoncer à mon indépendance financière, et j’écris !” Ce qui donne ce roman très singulier, au charme entêtant. Les Imparfaits, Sandrine Yazbeck, éd. Albin Michel, 154p., 15 €. 80 / AIR FRANCE MADAME ESSERP -A ZNALALLORC ID DIRTSA SOTOHP