D ABORD IL Y A LE VENT. Implacable. Il griffe lasurface de la mer, gifle les visages, cingle les yeux.omniprésent,hurlant,il sera notreEntêtant,unique compagnon durant toute cette escale. Icile silence est habité. Au début on ne sait rien decette Deception Island. On imagine une autrehalte immaculée, dans le meilleur des cas peuplée de manchots. Et puis on nous annonce que ce débarquement n’a rien à voir avec les précédents. Voilà des jours que nous voguons en Antarctique à bord du navire Le Boréal, entre pics enneigés, banquise veloutée et icebergs bleutés. On a fini par s’habituer à un monde où il n’y a pas trace de vie humaine. Surgit alors Deception Island. On entre par la petite porte dans une autre dimension. L’étroit goulet de ce cratère englouti nommé le Soufflet de Neptune. L’entrée est gardée en pleine mer par un immense rocher de basalte au profil de géant qui semble défier le visi- teur. On imagine un Moai de Rapa Nui (l’île de Pâques, ndlr)… Faut-il lui prêter allégeance ? On pénètre dans un immense cirque de lave saupoudré de neige d’une beauté quasi picturale. Une œuvre au fusain, une estampe japonaise… On est stupéfait. Captivant, Alain Bidart, guide naturaliste, >>> 180 / AIR FRANCE MADAME