derrière le revêtement, a eu les réponses à ses questions au fil des cours de génie en struc- ture, génie mécanique et tout le génie néces- saire à la conception d’un bâtiment. Le bac, c’est aussi l’époque des stages qu’elle réalise chez des entrepreneurs généraux en construc- tion. « Je ne me suis pas dit que j’allais dans un milieu d’hommes, je ne me suis jamais posé de questions à ce sujet. J’allais dans le domaine de la construction parce que j'aimais ça », insiste Caroline Laberge. Au fil des stages et de ses premiers emplois, elle est estimatrice, chargée de projets et elle aide un de ses employeurs à remettre son entreprise sur pied. «Tout ce que je faisais, je voyais que j’étais capable de le faire par moi-même, indique-t-elle. Je me CULTIVER LE PLAISIR AU TRAVAIL suis dit : Si je le fais pour quelqu'un d’autre, pour- Aujourd’hui, Caroline Laberge dirige une quoi je ne le ferais pas pour moi ? » équipe de six personnes, et celle-ci ne compte que deux employés masculins, une situation Ce n’est toutefois qu’après la naissance de ses exceptionnelle dans le milieu de la construc- enfants qu’elle se lance dans l’entrepreneuriat tion : c’est pour les hommes que la parité et fonde Berloy Construction ; Berloy comme hommes-femmes n’est pas atteinte ! « Je n’ai LaBERge et LOYauté. jamais vécu de commentaire négatif et chez Berloy Construction, c’est tolérance zéro. Seule maître à bord mais aussi Jamais je n’accepterai pas qu’un employé ou une seule employée, elle fait tout : employée parle en mal d’un ou d’une collègue », précise-t-elle. Cette majorité féminine n’est estimation des coûts, gestion de toutefois pas volontaire, car au-delà des com- projets, surintendance de chantier, pétences, Caroline Laberge recrute ses et elle enchaîne les projets employés pour le plaisir qu’elle aura à travailler avec eux, qu’ils soient hommes ou femmes. les uns après les autres. Plus jeune, elle préférait d’ailleurs la compa- gnie des garçons parce que les préoccupa- « Un de mes premiers projets était le réamé- tions des filles ne la rejoignaient pas. Or, lors nagement de l’ancienne garderie du Cégep des entretiens d’embauche, outre les compé- de Saint-Laurent en quatre salles de classe, tences recherchées, elle a trouvé une affinité relate-t-elle. Je faisais la surintendance au chez des candidates, comme s’il y avait chez chantier le matin et la gestion de projet en les femmes qui s’engagent dans les métiers après-midi. » Jusqu’au jour où, les contrats se de la construction une convergence de per- bousculant, elle a dû embaucher. sonnalité. • MARS-AVRIL 2019• 45