Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) nine. Dans certaines entreprises, il n’existe même et plusieurs partenaires de l’industrie. Nos inter- pas un vestiaire pour les femmes… Nous devons ventions visent à attirer des jeunes filles vers les absolument leur fournir des outils pour créer une programmes de sciences et de génie, mais aussi à culture d’inclusion, et nous attaquer à certains inciter les dirigeants d’entreprises à favoriser l’inté- stéréotypes conscients ou inconscients. Par gration d’un plus grand nombre de femmes dans exemple, on peut mettre l’accent sur une plus le secteur. Sans oublier également la formation et grande diversité des genres à expertise égale, lors la mobilité vers des postes de direction de celles du recrutement ou des promotions. Des pro- qui travaillent déjà dans le domaine manufacturier. grammes de certification concernant la concilia- Il faut absolument travailler ensemble sur plusieurs tion travail-famille, et la flexibilité des horaires fronts pour obtenir des résultats rapides ! existent par ailleurs dans plusieurs entreprises. Les statistiques sont claires. Les organisations qui PLAN : Quel rôle peuvent jouer les dirigeants misent sur des expertises complémentaires, tant d’entreprises ? féminines que masculines, obtiennent de meil- L.D. : C’est essentiel qu’ils recrutent des candidates, leures performances financières que les autres. t mais aussi qu’ils retiennent la main-d’œuvre fémi- Marie-Odile Touchette, ing., chef d’équipe À tout juste trente ans, Marie-Odile Touchette, ing., assume déjà depuis quatre ans la direction de production d’Adfast, entreprise d’une centaine de personnes qui fabrique des produits scellant en silicone dans la région de Montréal. Une ascension fulgurante pour cette diplômée en génie biotechnologique de l’Université de Sherbrooke. « J’ai travaillé un an comme ingénieure en recherche et développement dans cette entreprise, puis j’ai postulé pour remplacer le responsable de la production, raconte la jeune femme. Mon supérieur m’a fait confiance, il m’a encouragée et je me suis lancée. » Épaulée par ses collègues, Marie-Odile Touchette a appris sur le tas à trouver la façon optimale de produire des recettes d’isolant rapidement et avec le moins de déchets possible, à gérer des horaires de travail et à user parfois de psychologie pour résoudre les conflits potentiels. « Mon intégration s’est très bien déroulée, remarque Marie-Odile Touchette, en partie, je pense, parce que je prends le temps decomprendre les choses et que je privilégie la conciliation. » Depuis peu, deux autres femmes font partie de l’équipe de production. L’occasion pour la responsable de 16 employés de revoir l’ergonomie de certains postes de travail, afin que personne n'ait plus à lever des charges de 50 livres ou plus. Consciente de l’importance de concilier le rythme de travail avec celui de la famille, la jeune ingénieure revoit aussi les horaires de son équipe. Pour cela, elle mise sur la polyvalence et l’automatisation, car l’usine compte déjà trois chaînes de production numérique. Passionnée par son travail, la directrice aimerait s’impliquer dans l’avenir dans le projet d’ouverture d’une autre usine, aux États-Unis. Manifestement, les défis du monde manufacturier lui vont comme un gant… • MARS-AVRIL 2019• 43