Sylvie Boulanger, ing. : préserver la beauté des ponts Son séjour de 12 ans en Europe a persuadé Sylvie Boulanger, ing., que beauté peut rimer avec sécurité et efficacité en matière de ponts. « Regardez la magnifique structure du pont Jacques- Cartier, ouvert à la circulation en 1930, s’exclame la directrice principale de la Direction Recherche et applications. C’est un défi technique de mener des interventions ciblées sur cet ouvrage iconique. » Bien décidée à préserver le plus possible cet ouvrage d’art, cette titulaire d’un doctorat en construction métallique dans le domaine des ponts met à profit l’approche par performance pour acquérir des connaissances pointues. Arrivée en 2016 à la Société, l’ingénieure use d’imagination pour adopter une approche globale, voire préventive, de son patient d’acier et de béton, et diminuer le plus possible les réparations d’urgence, de type curatif. « Après ma maîtrise en structure à l’Université de la Californie à Berkeley, des études techniques à 150 % avec un niveau très élevé en mathématiques, j’ai eu envie de revenir à un côté plus pratique, raconte Sylvie Boulanger. Être créatif dans la recherche de solutions demande beaucoup d’ouverture. » Bien décidée à estimer le véritable impact des intempéries et de la circulation sur certains éléments de la structure, elle applique, avec son équipe, des résultats de recherche et de développement aux ponts Jacques-Cartier et Honoré-Mercier ainsi qu’à l’autoroute Bonaventure. Qu’il s’agisse d’essais en laboratoire ou en soufflerie, d’études sismiques ou d’applications pilotes, le but de l’opération est de s’approcher le plus possible du comportement réel de ces infrastructures difficilement captable par les codes d’aujourd’hui. Ce travail au plus près du réel va comme un gant à cette ancienne directrice régionale de l’Institut canadien de la construction en acier (ICCA). Elle a d’ailleurs piloté l’élaboration d’un guide pratique destiné à la fois à ceux qui conçoivent les ouvrages dans cet alliage et à ceux qui les réalisent, guide adopté par de nombreuses équipes au Canada, mais également aux États-Unis et en Australie. De cette façon, il devient possible de concilier la beauté des assemblages imaginés par les architectes, la sécurité prônée par les ingénieurs et la construction pratique souhaitée par les fabricants. 30 • MARS-AVRIL 2019 •