CULTURE LIVRES Amour fol CE N’EST PAS PARCE QUE ÇA SE PASSE AU MOYEN ÂGE que c’est un roman historique. L’auteure se régale avec une telle gourmandise de la vie quotidienne de l’époque, du vocabulaire et des expressions verbales qu’on a plutôt l’impression jouissive d’entrer dans un monde qui s’amuse de sa propre reconstitution. Comme il s’agit aussi des parcours d’émancipation de deux sœurs nobles essayant d’échapper, qui à un mariage sans amour, qui à un curé vengeur considérant la connaissance des plantes comme de la sorcellerie, ce roman délicieux mesure aussi le chemin parcouru depuis par les femmes. Mais c’est avant tout l’écriture qui triomphe : que ce soit en cuisine, dans une salle de banquet où les plats les plus incroyables se succèdent, dans la chambre nuptiale ou dans l’offi cine d’un vieux juif herboriste, elle ranime avec allégresse un langage ancien encore plein de sève. I.P. The noblewomen’s tale Le Sang des mirabelles, CamilleIt’s a story set in the Middle Ages, an enchanting description of how people lived and talked in a bygone era. And, de Peretti, éd. Calmann-Lévy,since it also recounts the emancipation of two sisters, one fated to a loveless marriage, the other persecuted by 342 p., 19,50 €. a cleric who considers her knowledge of plants to be tantamount to witchcraft, Camille de Peretti’s The Blood of Mirabelles (in French) also gauges the progress made in gender equality over the centuries. But it’s the narrative style that triumphs in the end, with scene after delightful scene rendered in an archaic but still vital tongue. Bouquet gŽant LA COLLECTION BOTANIQUE LA PLUS IMPORTANTE au monde se trouve à Paris, à l’Herbier du Museum natio- nal d’histoire naturelle, au jardin des Plantes (environ huit millions de spécimens, en cours de numérisation), rapportés du monde entier au fi l des siècles et des expéditions, depuis la création du Jardin royal des plantes médicinales en 1635. Dans son évocation de ce lieu magique qu’il dirige, Marc Jeanson raconte cette passion pour le règne végétal qui lança tant de scientifi ques dans des explorations semées de “fi èvres et de naufrages” ; comme Michel Adanson qui apprit le wolof et donna des noms indigènes aux plantes qu’il découvrit, ou Pierre Poivre qui s’épuisa à rapporter par bateau des plants de muscadier qui n’arrivaient jamais vivants. Collecte, séchage, classifi - cation… Une mémoire du monde, le témoignage d’une richesse végétale phénoménale, un livre nécessaire. I.P. Roots and branches The National Museum of Natural History in Paris houses the world’s largest collection of plants: some eight millionBotaniste, Marc Jeanson specimens from all over the globe, dating back to the creation of the Royal Garden of Medicinal Plants in 1635. Inet Charlotte Fauve, Botanist(in French), Charlotte Fauve and Marc Jeanson, the herbarium’s director, capture the passion that inspiredéd. Grasset, 221 p., 18 €. countless expeditions by researchers ready to brave “fever and shipwreck” to bring back their fi nds. A much- needed book, a chapter in the collective memory and a tribute to the phenomenal riches of the plant kingdom. Ce qui demeure LES MAISONS DE FAMILLE, CE SONT SOUVENT des histoires fortes. Les souvenirs d’enfance, la liberté dans la nature, le sentiment d’appartenance à une continuité familiale dont la maison est garante. C’est tout cela que vient chercher une jeune femme enceinte et meurtrie par le décès récent de son compagnon. Mais voilà, l’un de ses oncles veut vendre le refuge familial… Ce roman graphique suit en 2018, 1959 et 1968 les habitants d’une maison de bord de mer, dont une fi llette qui a laissé une trace troublante sur le papier peint d’une chambre. Un secret, la puissance du passé, les liens familiaux… Le récit joue habilement des fl ash-back et du temps qui passe, porté par un dessin et des couleurs en demi-teinte d’une grande douceur. Si les maisons parlaient, elles diraient ces destins qui se sont croisés sous leurs toits. Comme cette BD très émouvante. I.P. This old house La Maison de la plage, SéverineFamily properties are a trove of powerful stories, nourished by childhood memories and the feeling of belonging. Vidal et Victor L. Pinet, Which is precisely what the protagonist of thhopes to fi ndis graphic novel, a young pregnant widow, ather fam- éd. Marabout, collection ily’s seaside vacation home—which one of her uncles wants to sell. The Beach House(in French) tells the story Marabulles, 176 p., 17,95 €. of its inhabitants, interweaving fl ashbacks from 2018 to 1959 and 1968. A secret, the weight of the past, family bonds… If buildings could speak, they would tell the tales of the destinies that have unfolded beneath their roofs. 88 / AIR FRANCE MADAME ESSERP SOTOHP