DOSSIER Durant la transition à la vie adulte, le réseau social de soutien au même contexte social et en limitant l’accès à une diversité constitue une ressource cruciale, notamment par son apport sur d’occasions permettant l’émancipation (MacDonald et al., 2005). les plans de la connaissance, de l’information, de l’expérience et Dans le même ordre d’idées, on souligne l’importance de déve- du soutien (Goyette, 2010). À cet égard, divers auteurs soulignent lopper des relations significatives avec des adultes autres que les l’importance accrue du soutien social chez les jeunes présentant membres de la famille pendant la transition à la vie adulte, cela un profil de vulnérabilités. Ce facteur améliore notamment leur particulièrement chez des jeunes présentant un profil de vulnéra- résilience et leur capacité d’adaptation, et réduit le stress qu’ils bilités (Ahrens,DuBois, Richardson, Fanet Lozano, 2008; Colombo, vivent (Collins et al., 2010; Greeson, 2013; Osgood et al., 2010). 2003; Osgoodet al., 2010). Le mentorat naturel d’adultes signifi- catifs (professeur, entraîneur, membre de la famille élargie, etc.) Le réseau social de soutien de jeunes présentant un semble jouer un rôle de soutien permettant de mieux faire face profil de vulnérabilités aux nouveaux défis liés à cette transition de vie et de favoriser la Divers auteurs ont cherché à caractériser le réseau social de persévérance scolaire (Osgood et al., 2010; Ahrenset al., 2008). soutien des jeunes présentant un profil de vulnérabilités accrues Ce phénomène semble être particulièrement important pour les durant leur transition à la vie adulte. jeunes ne pouvant plus bénéficier des services sociaux publics une Dans un premier temps, selon la littérature actuelle, lorsqu’il fois la majorité atteinte (Osgoodet al., 2010). En guise d’exemple, s’agit de reconnaître les relations de confiance des jeunes au sein la présence d’une relation de confiance avec un adulte à l’extérieur de notre société, on rapporte que la plupart d’entre eux comptent duréseau de proches a notamment été ciblée comme facteur surtout sur leur réseau primaire de soutien soit les parents, les facilitant le changement de style de vie chez de jeunes itinérants amoureux et les amis (Bidart, 2008). Or, les jeunes présentant un (Colombo, 2003). profil de vulnérabilités ont généralement un réseau primaire de Un autre aspect retient l’attention. Malgré le fait que certains soutien social plus pauvre que celui des autres jeunes du même jeunes provenant de contextes plus défavorisés mentionnent avoir âge (Courtney et Dworsky, 2006). Ces jeunes étant souvent accès à un réseau primaire constitué d’amis et de parents proches, confrontés à un manque de stabilité sur le plan des relations ceux-ci tendent à ne pas considérer ce réseau comme une source positives et de confiance, on compare ce manque de soutien significative de soutien (Singer et al., 2013). Ces jeunes disent social à une certaine forme « d’itinérance psychologique » plutôt compter sur leur réseau secondaire formel, composé (Samuels, 2008). principalement d’intervenants de services publics avec lesquels Différentes études ont démontré que, lorsque disponible, le ils avaient interagi avant leur majorité pour combler leurs besoins. soutien des membres de la famille est un facteur protecteur pour Une perte importante est ainsi vécue quand ces services se ces jeunes plus vulnérables durant la transition à la vie adulte. terminent. Différentes études démontrent que, malgré la fin La possibilité de retourner à la maison en cas de nécessité tend à de leur contribution officielle, plusieurs familles d’accueil et diminuer les risques de grossesses précoces, d’abandons scolaires, intervenants sociaux continuent à jouer informellement un rôle d’activités criminelles et d’itinérance (Courtney et Dworsky, 2006; de soutien important pendant la transition à la vie adulte (Antle, Dworsky et Courtney, 2009). Johnson, Barbee et Sullivan, 2009). Ces « relations de pont » L’importance des pairs pour les jeunes adultes n’a, quant à contribueraient à réduire le stress et à offrir une forme de soutien elle, plus à être démontrée. Les relations entre pairs sont reconnues instrumental importante. Or, bien que ce rôle substitut des comme sources fondamentales de soutien émotionnel, permettant intervenants sociaux puisse représenter une ressource précieuse de se sentir valorisé, reconnu et aimé, et de soutien instrumental, de soutien, celui-ci peut aussi contribuer à perpétuer une forme aidant sur le plan des besoins de bases et d’autres nécessités pour de dépendance envers les services sociaux qui risque de compro- les jeunes présentant un profil de vulnérabilités (Curry et Abrams, mettre le développement d’un réseau de soutien stable chez ces 2015; Garrett, Higa, Phares, Peterson, Wells et Baer, 2008; Tyler et derniers. Il est ainsi crucial pour les intervenants sociaux de jouer Melander, 2011). Durant ce passage, les pairs peuvent contribuer un rôle actif afin d’accompagner les jeunes dans le développement positivement au bien-être soit en aidant à faire face aux relations d’un réseau social de soutien primaire lorsqu’il est pauvre ou familiales tendues, en compensant l’absence de soutien parental absent. (Reed, Ferraro, Lucier-Greer et Barber, 2015), en contribuant à Un dernier point mérite d’être discuté. Au sein de nos sociétés, forger l’identité sociale par la formation de styles de vie identi- les milieux d’éducation et le monde du travail constituent non taires ou en offrant du soutien face à l’adversité (Colombo, 2003). seulement des environnements favorisant la création de réseaux Malgré le rôle crucial joué par les pairs chez les jeunes présentant de pairs, mais aussi des lieux privilégiés de rencontres avec une un profil de vulnérabilités pendant latransition à la vie adulte, diversité d’adultes pendant la transition à la vie adulte. Comme différents auteurs soulignent que cetype de soutien comporte un une proportion importante de jeunes présentant des profils de effet controversé puisqu’il ne tend pas à promouvoir le développe- vulnérabilités fait face à différentes difficultés scolaires et d’inté- ment d’une nouvelle identité sociale adulte lors de cette transition gration sur le marché de l’emploi (Goyette, Bellot et Pontbriand, (Goyette, 2010). À cet égard, on mentionne que, dans un contexte2011), ceux-ci ne peuvent pas profiter de ces milieux pour de défavorisation, les réseaux basés exclusivement sur des amitiés développer leur réseau social. Ce phénomène contribue donc pourraient limiter l’intégration sociale en contraignant des individus aussi à accentuer leur vulnérabilité. 22 LA PRATIQUE EN MOUVEMENTMARS 2019