DOSSIER PORTRAITS DE PRATIQUE Accompagner le jeune vivant avec une problématique de santé mentale vers l’âge adulte Bianka Fauvelle, psychoéducatrice, Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais Je travaille au sein du programme de santé mentale jeunesse à la Les difficultés présentées par les direction des programmes jeunesse du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Outaouais. Nous desservons une jeunes sont diversifiées. Elles clientèle âgée de 0 à 17 ans, mais nous pouvons poursuivre nos interventions au-delà de 18 ans si le jeune en fait la demande. Ce peuvent se situer sur les plans de dernier peut alors bénéficier d’une période d’environ six mois l’anxiété pathologique, de la pour assurer une fin de suivi harmonieuse ou un transfert aux services d’intervention pour les adultes. La majorité du temps, dépression, de la gestion des au moins un membre de la famille du jeune est impliqué dans le suivi. Les jeunes avec lesquels nous travaillons sont référés émotions, des traumas complexes, par leurs parents, le personnel scolaire, les médecins ou des partenaires d’autres programmes du CISSS de l’Outaouais. Par des troubles alimentaires, des exemple, un adolescent peut nous être recommandé, avec son consentement, ou celui de ses parents s’il a moins de 14 ans, par phobies, des habiletés sociales un médecin ayant observé des difficultés liées à sa santé mentale. Ou encore, une adolescente peut avoir demandé de l’aide à la ou des relations familiales. travailleuse sociale de son école secondaire qui la dirigera vers nos services si elle évalue que la situation exige une intensité de services plus élevée. Le guichet d’accès pour la jeunesse est l’endroit où les demandes de services sont évaluées afin de les choix. Les rencontres que nous tenons avec lui sont centrées sur orienter vers les bons programmes. En santé mentale jeunesse, les objectifs qu’il désire atteindre et les moyens qu’il peut mettre nous répondons à la majorité des demandes selon le degré en place. Nous demandons au jeune de 14 ans ou plus son accord d’intensité de la problématique. Les difficultés présentées par avant de contacter ses parents, ses enseignants, son employeur les jeunes sont diversifiées. Elles peuvent se situer sur les plans ou d’autres professionnels pour recueillir auprès d’eux des de l’anxiété pathologique, de la dépression, de la gestion des observations pertinentes sur ses différents milieux de vie. Cette émotions, des traumas complexes, des troubles alimentaires, procédure veut aussi permettre aux personnes gravitant autour des phobies, des habiletés sociales ou des relations familiales. Il de lui de l’accompagner dans le développement de ses capacités arrive aussi que les adolescents vivent des difficultés d’adaptation adaptatives. Il lui est clairement expliqué le bien-fondé de cette à la suite d’un deuil, d’une séparation (amoureuse ou de leurs démarche et son droit, à tout moment, de retirer son consen- parents) ou de conflits de valeurs avec leurs parents. La plupart tement. Afin de respecter sa sphère personnelle, le jeune est mis des adolescents rencontrés présentent une comorbidité, c’est- au courant des communications qui auront lieu à son sujet. à-dire qu’ils peuvent conjuguer des symptômes liés à plusieurs Par ailleurs, le jeune est amené à réfléchir par lui-même sur diagnostics. Le rôle des psychoéducatrices de notre équipe est ses difficultés, à nommer ce qui le fait souffrir et à cibler les tout d’abord d’évaluer les difficultés d’adaptation et les capacités changements qu’il désire apporter à sa vie. En tant que adaptatives de ces jeunes pour leur offrir ensuite un suivi à l’aide psychoéducatrices, nous sommes là pour l’appuyer dans les d’un plan d’intervention réalisé en collaboration avec le jeune et actions à réaliser. Par exemple, si un jeune vivant de l’anxiété les partenaires impliqués. sociale désire s’exposer à des groupes sociaux, mais qu’il n’a pas les moyens financiers pour s’y inscrire, nous ferons une Étant donné que votre clientèle se situe à une période demande d’aide financière. Nous pouvons également l’accom- de vie où le développement de son autonomie est pagner dans des activités afin de lui assurer un filet de sécurité. particulièrement important, comment votre pratique Les plans d’intervention incluent habituellement des moyens tient-elle compte de cette tâche développementale? qui supposent la contribution des parents ou de certains L’adolescence est une période où le développement de l’autono- proches du jeune, par exemple, ses grands-parents ou sa famille mie est important. C’est pourquoi nous permettons au jeune d’accueil. À cette étape, l’adolescent est encouragé à mettre en de réaliser des rencontres sans ses parents, en l’accueillant à nos application des actions afin d’atteindre les objectifs qu’il s’est bureaux, ou en le visitant dans son école ou dans un milieu de son lui-même fixés. LA PRATIQUE EN MOUVEMENT MARS 2019 19