DOSSIER EXPERTISE PARTICULIÈRE LA PSYCHOTHÉRAPIE Avec le PL 21, l’exercice de la psychothérapie est devenue une intervention professionnelle réservée. Les professionnels voulant agir et se présenter avec le titre de psychothérapeute doivent obtenir une accréditation de l’Ordre des psychologues du Québec. Maintenant insérée au Code des professions, la définition de la psychothérapie est la suivante : Traitement psychologique pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entrainant une souffrance ou une détresse psychologique qui a pour but de favoriser chez le client des changements significatifs dans son fonctionnement cognitif, émotionnel ou comportemental, dans son système interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé. Ce traitement va au-delà d’une aide visant à faire face aux difficultés courantes ou d’un rapport de conseils ou de soutien. Toute personne qui n’est ni médecin ni psychologue et qui veut pratiquer la psychothérapie et en porter le titre doit détenir un permis de psychothérapeute délivré par l’Ordre des psychologues du Québec. Le règlement sur le permis de psychothérapeute fait mention de quatre critères : 1.Être membre d’un des ordres reconnus, dont l’OPPQ; 2.Détenir une maîtrise dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines; 3.Avoir suivi 765 heures de formation théorique en psychothérapie de niveau universitaire. Cette formation doit avoir été acquise dans le cadre des études universitaires ou dans le cadre d’une formation en psychothérapie acquise dans un établissement privé ou auprès d’un formateur indépendant; 4.Avoir suivi 600 heures de stage en psychothérapie.1 Depuis l’entrée en vigueur des dispositions législatives relatives à l’encadrement de la psychothérapie, leur application a posé question à plusieurs professionnels ou milieux. C’est pourquoi les neuf ordres concernés ont décidé de réfléchir ensemble sur ce qui distingue une intervention en psychothérapie d’une intervention clinique dans le champ du professionnel. Un premier document a été publié au printemps 2018; il sera suivi de vignettes illustrant, pour chacune des professions touchées, où se situe le point de bascule entre la psychothérapie et les interventions qui s’y apparentent, sans en être. 93 membres de l’Ordre sont accrédités à la pratique de la psychothérapie. De ce nombre, 72 offrent leurs services comme travailleur autonome ou comme salarié en cabinet privé. Les 21 autres psychoéducateurs exercent la psychothérapie dans un contexte de pratique publique.2 Marie-Michèle Ricard est psychoéducatrice psychothérapeute depuis 2015. Epatque autonome depuis janvier 2011, elle a cofondé la clinique Imavi dont elle est aussi copropriétaire. Voici son témoignage. J’œuvre dans le domaine de la santé mentale depuis bientôt vingt ans et je pratique la psychothérapie depuis plus de sept ans. Mon parcours académique a débuté par un baccalauréat en psychologie qui m’a permis, par la suite, de développer mes compétences en intervention de crise sur le terrain. Après quelques années, j’ai fait une propédeutique et une maîtrise en psychoéducation. Dès l’obtention de mon permis de pratique en janvier 2011, j’ai débuté le processus d’accréditation pour l’obtention de mon permis de psychothérapeute. Pour répondre aux exigences de l’Ordre des psychologues du Québec, j’ai dû ajouter deux cours universitaires à ma scolarité et faire un stage de perfectionnement. D’une durée de 600 heures, celui-ci était constitué de 300 heures de psychothérapie individuelle, de cent heures de supervision individuelle et de deux cents heures d’activités complémentaires consacrées, entre autres, à des formations continues en lien avec la psychothérapie. Je crois qu’il faut être prêt à s’investir professionnellement, mais aussi personnellement dans le processus d’accréditation pour l’obtention du permis de psychothérapeute. En tant que psychoéducatrice, psychothérapeute, j’offre des services de psychothérapie aux adolescents et adultes souffrant de problèmes liés à leur image corporelle ou à des troubles de conduites alimentaires pour lesquels j’ai développé une expertise au cours de mon stage et de mes années d’expérience. Mes services sont aussi proposés aux personnes éprouvant des difficultés relationnelles, souffrant d’un trouble de personnalité limite ou dépendante, de trauma complexe ou de trouble de stress post-traumatique (TSPT), notamment à la suite d’abus sexuels. En clinique, j’utilise principalement l’approche cognitivo-comportementale, plus précisément la thérapie basée sur les schémas et la thérapie dialectique-comportementale. Comme je suis supervisée en approche intégrative, j’utilise aussi plusieurs outils qui m’amènent à me diriger de plus en plus vers cette approche. Je m’intéresse particulièrement à la prévention du TSPT chez les ambulanciers. J’ai ainsi élaboré une formation destinée aux élèves du programme de soins préhospitaliers d’urgence du Cégep de l’Outaouais afin de les sensibiliser à ce phénomène. Je suis également invitée à offrir des formations et des conférences, principalement sur le thème de l’image corporelle. Récemment, j’ai conçu trois outils pédagogiques qui combinent une histoire et un guide s’adressant aux professionnels désireux d’accompagner des enfants d’âge préscolaire et primaire dans le développement d’une image corporelle saine et d’un rapport adéquat avec la nourriture. n 1Informations tirées du site de l’Ordre des psychologues du Québec : https://www.ordrepsy.qc.ca/fr/obtenir-un-permisDonnées tirées du tableau de l’Ordre en juin 2018 Référence Collège des médecins, Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec, Ordre des ergothérapeutes du Québec, Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec, Ordre des psychologues du Québec, …Ordre professionnel des sexologues du Québec. (2018). L’exercice de la psychothérapie et des interventions qui s’y apparentent. Trouver la frontière entre les interventions de différents professionnels et la psychothérapie. Montréal. LA PRATIQUE EN MOUVEMENT OCTOBRE 2018 25