adaptation au changement climatique gain en biodiversité autres bénéfices pour le territoire et ses habitants Pourquoi c’est important ? L’érosion côtière est un phénomène naturel, accentué sous l’effet du changement climatique. Dans de nombreux territoires dans l’Hexagone et en Outre-mer, le recul du trait de côte s’est accéléré, menaçant les habitations et activités économiques du littoral. Historiquement, les aménagements côtiers se sont caractérisés par des ouvrages de défense en « dur » (digues, enrochements) pour tenter de lutter contre les assauts des vagues et fixer le trait de côte. Aujourd’hui, ces modes de gestion révèlent parfois leurs limites face à l’intensité des évènements climatiques et l’ampleur de leurs impacts. En effet, une grande partie des digues ont été construites alors que le niveau de la mer était plus bas qu’actuellement. Certaines se sont détériorées par l’action des éléments météorologiques et ont été mal entretenues (source : Atlas mondial des littoraux, A. Oiry, 2023). Face à ce constat, d’autres modes de gestion de la bande côtière, dits « souples » , sont de plus en plus prônés par les acteurs de la gestion des risques. Ces stratégies visent à tirer parti des capacités protectrices des écosystèmes littoraux et arrière-littoraux, offrant ainsi une alternative plus résiliente et durable. En outre, il est important de noter que la gestion souple du trait de côte s’insère dans le cadre de la Loi Climat et résilience d’août 2021 qui promeut la gestion intégrée du trait de côte via des stratégies de long terme et s’appuyant sur la préservation des espaces naturels. En quoi cela consiste ? La gestion souple du trait de côte vise à accompagner les dynamiques naturelles du littoral plutôt que de s’y opposer. Elle rassemble plusieurs disciplines complémentaires : la géomorphologie, le génie civil, l’écologie, l’aménagement et la conduite de projet. Selon le Conservatoire du littoral, cette approche « s’appuie sur la protection, la restauration et la gestion de milieux littoraux d’interface fonctionnels, capables d’absorber ou réduire les effets des aléas marins et vecteurs de nombreux services écosystémiques ». Elle peut s’appliquer à une multitude de milieux et de sites : les côtes sableuses comme les cordons dunaires ou les lidos mais aussi les zones humides côtières comme les marais maritimes, les estuaires ou les mangroves. Les opérations de dépoldérisation, de démantèlement d’infrastructures telles que des routes littorales, des enrochements et autres aménagements impactant la dynamique littorale ou encore la gestion des infrastructures à l’abandon qui se dégradent en l’absence d’entretien et face à la force des aléas, sont des exemples de stratégies de gestion souple du trait de côte. Ces actions impliquent nécessairement une bonne anticipation du recul stratégique des infrastructures et des populations présentes sur les secteurs concernés. Le maintien des ouvrages de protection et la mise en œuvre de stratégies de gestion souple du trait de côte peuvent être intégrés de manière complémentaire pour renforcer la protection des activités humaines littorales. Le Conservatoire du littoral recommande par exemple le recours aux espaces naturels en interface directe avec la mer, secondés par des ouvrages de protection situés plus en arrière du littoral. coûts et aides ressources clés Adopter une gestion souple de la bande côtière Adaptation au changement climatique Du fait de la hausse continue du niveau de la mer, une partie du littoral français est soumis à une intensification des phénomènes d’érosion côtière, de recul du trait de côte et de submersions marines ponctuelles. Le désenrochement et le démantèlement d’ouvrages permettent aux milieux littoraux de retrouver une dynamique naturelle, une remise en fonction des écosystèmes, afin qu’ils puissent jouer leur rôle de protection et de barrière naturelle. Le retrait ou la non-reconstruction d’ouvrages endommagés favorisent la libre circulation des sédiments et l’apparition de végétation sur le littoral. Celle-ci joue alors le rôle de brise-vagues et capte les sédiments lors des tempêtes. Cela contribue à limiter l’érosion du littoral. Les zones humides rétro-littorales permettent aussi de mieux gérer les hautes eaux et les submersions. Favoriser et promouvoir ces dynamiques naturelles permet au milieu de gagner en résilience et constitue une solution plus durable, adaptative et nécessitant moins d’entretien que les ouvrages de protection. Gain en biodiversité La gestion souple du trait de côte permet de préserver et restaurer des habitats côtiers patrimoniaux, dotés d’une forte valeur écologique. Elle peut entraîner, lors d’une reconnexion marine par exemple, un changement d’habitats et d’espèces, qui n’entrave pas cependant leur diversité ou leur bon fonctionnement. On peut ainsi remarquer une augmentation de la diversité des invertébrés et des poissons, liée notamment à l’augmentation des surfaces en eau et des vasières. Les habitats côtiers ainsi préservés ou créés peuvent servir de refuge, de nourricerie ou de nurserie pour une multitude d’espèces. Autres bénéfices pour le territoire et ses habitants Les espaces naturels côtiers sur lesquels s’appuie la gestion souple du trait de côte offrent de nombreux bénéfices pour les territoires littoraux. Les milieux humides contribuent à la filtration des polluants et des nutriments, bénéfique pour la conchyliculture et la baignade. Ces espaces peuvent également être producteurs de ressources : bois issu des mangroves en Outre-mer, produits dérivés du pâturage des prés-salés, cueillette (comme la salicorne dans les marais salants), etc. Le démantèlement d’ouvrages rétablit également l’attrait pour la naturalité des espaces côtiers, qui sont des espaces d’accueil d’activités de loisir et d’éducation à la nature, au cœur de l’économie touristique.