adaptation au changement climatique gain en biodiversité autres bénéfices pour le territoire et ses habitants Pourquoi c’est important ? Les cultures conventionnelles reposant sur l’usage de pesticides, d’herbicides et d’engrais chimiques, produites sur des parcelles en monoculture avec des sols fortement travaillés par les machines, sont particulièrement vulnérables au changement climatique. Caractérisées par une biodiversité faible et des sols peu riches en matières organiques et souvent compactés, les cultures sont sujettes à l’érosion des sols due aux précipitations ou aux sécheresses, entraînant la perte de terre arable. Elles sont aussi plus exposées aux ravageurs et aux maladies. Enfin, les intrants chimiques peuvent être lessivés lors des précipitations, ce qui entraîne la pollution les eaux de surface et les nappes souterraines. Au contraire, des pratiques favorisant la diversité de différentes cultures associées à la présence d’arbres et d’auxiliaires de culture sur une même parcelle contribuent à la résilience des systèmes agricoles et la consolidation des rendements. En quoi cela consiste ? L’agroforesterie se définit par l’association, sur une même parcelle, d’arbres et de cultures sous-jacentes, avec ou sans animaux (source : INRAE, 2022). Cette pratique cherche à augmenter la diversité des espèces plantées (diversité de hauteurs, de formes ou de qualité de litière) et des produits cultivés sur une même parcelle. L’agroforesterie peut être inter-parcellaire (plantation d’arbres et arbustes en bord de parcelle, se référer à la fiche « Préserver et restaurer les haies et les milieux semi-naturels associés ») ou intra-parcellaire (plantation au sein des parcelles). Cette pratique ancestrale a longtemps constitué la règle plutôt que l’exception dans les systèmes agricoles des régions tempérées comme tropicales, avant d’être délaissée à la suite des révolutions agricoles du xxe siècle (source : MNHN). L’agroforesterie recouvre des combinaisons d’espèces diverses. Les arbres au sein de la parcelle (par exemple des arbres fruitiers pour valoriser leurs produits) peuvent être associés à des cultures végétales ou à de l’élevage. Il peut aussi s’agir de parcelles forestières au sein desquelles sont plantées des espèces végétales agricoles ou accueillant des troupeaux (sylvopastoralisme) (source : INRAE, 2022). En Outre-mer, l’agroforesterie reste importante, pour l’autoconsommation (jardins créoles ou mahorais) mais pas seulement, car diverses cultures à forte valeur (cacao, vanille, banane, etc.) et cheptels trouvent leur place sous le couvert forestier. coûts et aides ressources clés Développer l’agroforesterie au sein des parcelles agricoles Adaptation au changement climatique D’abord, les systèmes agroforestiers créent des microclimats favorables en cas de chaleurs et de sécheresse. L’effet brise-vent des arbres limite la transpiration des plantes et l’évaporation de l’eau depuis les sols. Ils créent de l’ombrage et permettent le maintien de l’humidité dans l’air, réduisant les risques de stress hydrique des plantes et améliorant le confort thermique des troupeaux. L’agroforesterie améliore aussi la santé des sols et augmente leur capacité de rétention d’eau. La litière et le système racinaire des arbres accroissent la quantité de matière organique, précieuse pour l’activité des micro-organismes participant à l’amélioration de la structure des sols. Leurs racines favorisent l’infiltration de l’eau dans les sols et facilite l’accès des plantes à l’eau et aux nutriments. Enfin, la pluralité des espèces utilisées dans les systèmes agroforestiers renforce leur diversité biologique et contribue à limiter la présence de parasites et pathogènes, dont le changement climatique accélère la propagation (sources : INRAE, 2022 ; Le Climatoscope, consulté le 21/08/2024). 36 % de gain de production par l’utilisation du système blé-noyers dans une parcelle agroforestière de 100 hectares : cela signifie que cette parcelle peut produire autant de biomasse (bois et produits agricoles) qu’une parcelle de 136 hectares avec des arbres et des cultures séparés. Nafissa Dehimeche, CNRS Montpellier, 2021 gain en biodiversité L’agroforesterie est grandement bénéfique pour la biodiversité. Au niveau des sols, une plus grande diversité de litière et un sol peu compact favorisent la pluralité des micro-organismes, et une faune de plus grande taille est observée dans les systèmes agroforestiers. Les cultures diversifiées et les arbres fournissent par ailleurs des habitats et des corridors écologiques à des espèces de faune et de flore indispensables à l’agriculture (lutte contre les ravageurs, pollinisation) (source : Agroforesterie Association Française). Autres bénéfices pour le territoire et ses habitants L’agroforesterie peut permettre le développement d’une agriculture paysanne à l’ancrage territorial fort, favorisant l’autonomie alimentaire des territoires. Elle entraîne également des bénéfices économiques pour les exploitants, qui peuvent diversifier leurs sources de revenu grâce à la diversité des cultures produites sur une même parcelle, à leur meilleure résistance aux stress (hydrique, pathogènes, ravageurs), et la valorisation des produits issus des arbres (fruits, bois de construction, bois de chauffage). Ce type d’agriculture, tout comme l’agroécologie, est source de création d’emplois et demande une main d’œuvre expérimentée (entretien des arbres, connaissances en écologie et agronomie, techniciens en économie agricole ou en bocage, etc.). Enfin, l’agroforesterie participe à l’attractivité des territoires et leur confère de réels atouts paysagers.