adaptation au changement climatique gain en biodiversité autres bénéfices pour le territoire et ses habitants Pourquoi c’est important ? Les risques gravitaires sont une famille de risques naturels spécifiquement liés à la pente : glissements de terrain, chutes de pierres et de blocs, éboulements, laves torrentielles ou encore avalanches. Principaux risques naturels en montagne, leur survenue est brutale et leurs effets destructeurs. Ils impactent la sécurité des personnes, l’intégrité des biens, les activités économiques et les paysages. Le changement climatique contribue à accentuer les risques gravitaires. Le recul des glaciers, la fonte du pergélisol et l’augmentation des précipitations violentes sont des facteurs déclencheurs des phénomènes gravitaires. Les vagues de chaleur combinées aux sécheresses exercent des contraintes thermiques sur la roche et favorisent le risque d’éboulements. Les avalanches mouillées risquent d’être plus fréquentes, avec des périodes de redoux prolongés et une limite pluie-neige plus élevée qui rendent le manteau neigeux instable. La gestion forestière, si menée sans réflexion préalable, peut aussi accentuer ces risques. Les pistes forestières peuvent par exemple devenir des ravines en cas de précipitation, d’autant plus que le passage des engins mécanisés (notamment utilisés pour le débardage) tasse le sol et limite l’infiltration de l’eau. Le déboisement et les coupes rases aggravent aussi les risques gravitaires, la forêt étant essentielle pour limiter et atténuer ces derniers (sources : Géoconfluences, 2022 ; UICN, 2022). En quoi cela consiste ? Les forêts de protection sont de précieuses alliées pour limiter les risques gravitaires. Le statut de forêt de protection est conféré aux forêts reconnues pour leur fonction de protection des riverains contre l’érosion des sols en montagne, les glissements de terrain, ou encore les avalanches. Elles atténuent les impacts des projectiles rocheux et des avalanches, soit en absorbant une partie de l’énergie libérée par ces aléas (effet tampon), soit en piégeant une partie des écroulements rocheux et en stabilisant le manteau neigeux. Elles limitent aussi le ruissellement en favorisant l’infiltration de l’eau dans le sol. Pour jouer ce rôle de protection, les forêts doivent être en bon état et fonctionnelles. Plusieurs leviers d’actions sont possibles : • Maintenir un couvert d’une densité d’arbres suffisant, ainsi qu’un renouvellement naturel des peuplements, pour assurer une meilleure interception des pierres et des blocs et une plus grande résistance aux projectiles. Les racines, en particulier, exercent une fonction de piégeage et d’ancrage des pierres. Les troncs couchés et les souches constituent aussi des obstacles vis-à-vis des pierres et limitent la vitesse des projectiles. • Maintenir les vieux bois morts pour éviter le départ des pierres et des blocs et pour tenir le manteau neigeux. • Privilégier un mélange d’essences denses et solides, efficaces pour faire obstacle aux projectiles et aux avalanches, et des peuplements vieux, plus riches en biodiversité, et dont la structure irrégulière (alternance des classes d’âge et des diamètres) offre un bon niveau de protection contre les risques gravitaires. • Certaines infrastructures peuvent être maintenues ou restaurées comme les murets en pierres sèches sur les terrasses agricoles en contre-bas, ou encore les haies vives. coûts et aides ressources clés Gérer durablement les forêts de protection pour lutter contre les risques gravitaires Adaptation au changement climatique Gérer durablement les forêts de protection apparaît primordial pour limiter les risques gravitaires accrus et s’adapter aux impacts du changement climatique. La forêt contribue à limiter les glissements de terrain. Les systèmes racinaires des arbres stabilisent les sols et limitent l’érosion. Ils régulent le régime hydrique en favorisant l’infiltration de l’eau dans les sols, ce qui permet d’éviter le ruissellement. La présence de résineux permet de fixer le manteau neigeux et de réduire le risque de départ d’avalanches : les houppiers des arbres interceptent une grande partie des précipitations neigeuses tandis que les troncs stabilisent le manteau neigeux. L’enchevêtrement des arbres morts sur pied, des troncs couchés, des souches, des racines, augmente la rugosité de la surface du sol et stabilise le manteau neigeux. Par ailleurs, les forêts denses au feuillage persistant filtrent les rayons lumineux et produisent un microclimat plus tempéré que sur les zones non-boisées. La température du manteau neigeux varie moins au cours de la journée et le risque d’avalanche peut diminuer. Enfin, les arbres canalisent l’écoulement neigeux et réduisent la distance parcourue par la masse de neige. 14 % des forêts de l’espace alpin présentent une fonction potentielle de protection contre les chutes de blocs. Parmi elles, 80 % contribuent à atténuer le risque sur le réseau routier, et 55 % limitent le risque sur les bâtiments. UICN, 2022 Gain en biodiversité Pour maximiser l’efficacité des forêts de protection, il est essentiel de maintenir les arbres sénescents (bois vieux, souvent d’au moins un siècle) et le bois mort (arbres déracinés ou cassés, branchages, souches), qui permettent de lutter contre les risques gravitaires. Ces vieux arbres et le bois mort offrent une diversité de niches écologiques pour différents groupes d’espèces : champignons, espèces cavernicoles, insectes, reptiles. De plus, le bois mort enrichit la forêt en humus et fournit donc un substrat pour la régénération des forêts. 25 % de la biodiversité forestière est hébergée dans le bois mort. UICN, 2023 Autres bénéfices pour le territoire et ses habitants En stabilisant le sol avec leurs racines, les arbres empêchent le déplacement de la terre. Cette fonction de protection est essentielle non seulement pour la sécurité des personnes vivant en montagne, mais également pour la sécurité des infrastructures critiques telles que les routes, les habitations et les installations économiques (industrielles, énergétiques, touristiques, etc.). La bonne gestion des forêts de protection contribue également au stockage du carbone et donc à la lutte contre le changement climatique. Cela participe également au maintien des paysages de montagne.