Préserver et restaurer les haies et les milieux semi-naturels associés adaptation au changement climatique gain en biodiversité autres bénéfices pour le territoire et ses habitants Pourquoi c’est important ? Les haies fournissent de nombreux services environnementaux aux milieux agricoles, tout en ayant un intérêt paysager reconnu. Elles constituent un rempart contre les impacts du changement climatique et un refuge pour la biodiversité, tout en améliorant le rendement des cultures et le bien-être des animaux d’élevage. Malgré leurs atouts et les mesures prises en faveur de leur protection, le linéaire de haies français ne cesse de diminuer (sources : site de l’OFB ; Portail technique de l’OFB ; Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire). Mises à mal par les remembrements depuis les années 1950, les haies sont fragilisées par des pratiques d’aménagement du territoire non durables et sont massivement arrachées. Or, plus les haies sont anciennes, plus elles fournissent de services. Il est donc primordial de préserver avant tout le linéaire existant et de replanter ou restaurer des haies en parallèle. En quoi cela consiste ? Les haies sont des éléments linéaires du paysage. Elles peuvent être composées d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées, formant plusieurs strates de végétation, et sont créées par l’action humaine. Afin d’augmenter leur potentiel écologique, elles sont parfois associées à des mares, des tas de compost, une bande enherbée tampon le long des cours d’eau, un fossé ou des talus. Elles ont une fonction de corridor biologique pour de nombreuses espèces auxiliaires de l’agriculture, dont certains prédateurs insectivores, véritables régulateurs des ravageurs de cultures. Paysage emblématique de plusieurs régions françaises, le bocage est formé par un ensemble de parcelles délimitées par des haies interconnectées, et est composé d’une trame dense et riche d’habitats naturels (source : OFB, 2023). Les gestionnaires d’espaces et propriétaires de foncier agricole peuvent contribuer à renforcer les bénéfices écologiques et climatiques des haies en sensibilisant à leurs bienfaits et en appliquant diverses pratiques de gestion sylvicole durable des haies. Parmi ces pratiques, on peut retrouver, de façon non exhaustive, l’entretien limité lors des périodes de nidification, le recours à des essences locales, la plantation de strates de végétaux variées, le paillage après plantation, le maintien de bandes enherbées en pied de haies, le maintien ou le renforcement de la connectivité entre les haies ou d’autres boisements, mais aussi l’adoption de certaines techniques ancestrales comme le plessage pour la protection des bêtes. Les haies peuvent également être plantées à des endroits critiques et de façon particulière pour optimiser leurs bénéfices. Par exemple, les haies sur talus ou en double rang sont plus efficaces contre l’érosion et les inondations par ruissellement. 70 % du linéaire de haies a disparu des bocages français depuis 1950. Cette perte est estimée à 23 500 km par an sur la période 2017-2021, soit 195 833 terrains de football mis bout à bout ou presque un tour de la Terre par an ! Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, 2023 Les décideurs locaux et exploitants agricoles sont accompagnés dans leurs démarches pour les haies par de nombreux guides apportant des éclairages techniques et financiers. Les conseillers bocage-agroforestiers ont pour mission d’aider à la réalisation de Plans de gestion durable des haies et d’accompagner les agriculteurs dans la recherche de subventions pour la plantation et restauration de haies, la planification de leur entretien et leur valorisation (se renseigner auprès de l’AFAC, des Chambres d’agriculture, des Syndicats mixtes, voire de certaines intercommunalités). bon à savoir coûts et aides ressources clés Adaptation au changement climatique Face aux aléas climatiques de plus en plus intenses et fréquents, les haies sont un atout pour les territoires agricoles. Grâce à leurs racines, les haies freinent les ruissellements et l’érosion hydrique des sols. Elles favorisent l’infiltration de l’eau dans le sol, ce qui contribue à l’alimentation des nappes souterraines. Elles jouent ainsi un rôle de régulation des crues et de limitation des impacts des sécheresses. En fond de vallée, les haies favorisent par ailleurs la constitution de zones humides qui restituent l’eau en période de sécheresse. Les haies créent des conditions microclimatiques qui augmentent le confort des animaux élevés en plein air, leur offrant des abris contre les intempéries et de l’ombrage en période estivale. Judicieusement placées, elles peuvent aussi aider à protéger les bâtiments d’élevage (ombre portée, brise-vent, microclimat créé autour des bâtiments...). Elles participent à diminuer l’effet des gelées tardives sur les cultures et ont un effet brise-vent qui protège les prairies et plantations de l’assèchement et de l’impact des rafales de vent. Enfin, selon leur hauteur et leur densité, elles peuvent aussi freiner l’érosion éolienne. 5 à 10 % d’eau supplémentaires sont observés dans les premières couches du sol en présence de haies. OFB Les haies permettent de réduire l’évapotranspiration des cultures de 25 % à 50 % à l’abri des haies et jusqu’à une distance de 5 à 8 fois la hauteur de la haie. Réseau Action Climat & CIVAM, 2023 Gain en biodiversité Véritables écosystèmes, les haies constituées de strates et d’espèces variées sont un socle pour la biodiversité en milieu agricole. Elles représentent des habitats essentiels pour des espèces de faune sauvage qui y trouvent refuge, s’y alimentent et s’y reproduisent. Certaines de ces espèces sont des auxiliaires de culture qui participent à la lutte contre les ravageurs, la pollinisation et la fertilité du sol (oiseaux et petits mammifères insectivores, insectes pollinisateurs, faune du sol qui recycle la matière organique et aère le sol). Les réseaux de haies à travers le territoire forment des corridors écologiques avec d’autres éléments naturels (bosquets, forêts, mares, étangs, zones humides) essentiels pour le maintien, le développement et le déplacement de nombreuses espèces animales et végétales spécifiques. Au contraire, les haies monospécifiques ou présentant peu de diversité de strates et d’âge des plants sont moins propices à la biodiversité et sont plus vulnérables au changement climatique. Quand elles sont bien gérées, les haies peuvent accueillir jusqu’à 35 espèces de mammifères, 80 espèces d’oiseaux, 8 espèces de chauves-souris, 15 espèces de reptiles-amphibiens ou 100 espèces d’insectes. Cela illustre l’importance d’avoir des haies hautes, larges et reliées entre elles. OFB, 2023 Autres bénéfices pour le territoire et ses habitants Les haies jouent un rôle essentiel dans la qualité de l’eau et des sols. Elles stabilisent les sols, limitent l’érosion et le lessivage d’engrais et autres intrants. En favorisant l’infiltration de l’eau et en ralentissant son écoulement, elles participent l’épuration des eaux de ruissellement. Elles sont aussi une barrière physique contre les pollutions agricoles dans l’air, diminuant l’exposition des habitants à ces substances. De plus, les haies en bord de champs limitent l’invasion des adventices. Via leur rôle de brise-vent, les haies peuvent dans certains cas contribuer à l’augmentation des rendements agricoles. Elles produisent également des fruits sauvages (mûres, noisettes, pommes), et leur biomasse peut être valorisée dans les filières bois-énergie. Ce sont aussi de véritables atouts pour le cadre de vie des habitants et pour les activités touristiques. Elles participent au patrimoine paysager et culturel français. Enfin les haies contribuent à atténuer le changement climatique grâce à leur capacité à stocker du carbone. +10 à 15 % de rendements : effet de haies plantées perpendiculairement au sens dominant du vent, espacées de 150 mètres les unes des autres, et d’une hauteur maximale de 10 mètres. Institut national de la recherche en agronomie (INRA) via DDT de l’Aisne, 2022 60 M de tonnes de carbone stockées au niveau des haies situées dans 31 départements français particulièrement bocagers. IGN/OFB/ADEME, 2022