adaptation au changement climatique gain en biodiversité autres bénéfices pour le territoire et ses habitants Pourquoi c’est important ? Les zones montagneuses sont particulièrement vulnérables au changement climatique. L’augmentation des températures y est notamment plus prononcée qu’ailleurs : les Alpes, par exemple, connaissent déjà un réchauffement moyen de plus de 2 °C, alors qu’à l’échelle de la planète la température moyenne s’est réchauffée d’un peu moins de 1,5 °C depuis l’ère préindustrielle (sources : réseau Alpages sentinelles, 2017 ; ECMWF, 2024). Les pelouses rases d’altitude et les activités pastorales associées ne sont pas épargnés par les impacts de ce changement climatique, avec des conséquences déjà observables et mesurables. Dans le futur, ces espaces naturels et leurs ressources fourragères subiront de manière plus intense les sécheresses estivales, les épisodes de gel tardif ou automnal, ou encore l’érosion des sols. Les conséquences sont nombreuses : risques naturels accrus, affaiblissement d’un pan de l’économie locale et perte de biodiversité (source : réseau Alpages sentinelles, 2021). En quoi cela consiste ? Afin de renforcer la résilience des pelouses rases d’altitude aux effets du changement climatique, diverses actions de préservation, de gestion et de restauration peuvent être mises en œuvre. Ces actions dépendent fortement du contexte de la parcelle concernée (l’état de la végétation, les risques naturels et les dysfonctionnements observés, ou encore les activités pratiquées sur la parcelle). Il est avant tout primordial d’assurer la protection des pelouses rases d’altitude, afin qu’elles puissent se régénérer. Cette protection passe par l’accompagnement des secteurs usant de ces espaces. L’agropastoralisme, qui dépend directement de ces pelouses, peut contribuer à leur dégradation lorsqu’il y a surpâturage. Les piétinements des troupeaux sont en effet néfastes aux espèces végétales et favorisent l’érosion des sols. Il est alors conseillé de promouvoir un pâturage extensif (faible densité d’animaux à l’hectare) favorable à la biodiversité. Le pâturage extensif permet en effet d’entretenir les prairies, de lutter contre les espèces de plantes envahissantes, et de favoriser la diversité de la flore grâce à la dissémination des graines par les animaux. Certaines infrastructures liées aux sports d’hiver (pistes de skis, remontées mécaniques) peuvent également fragiliser les pelouses rases d’altitude. Pour les milieux les plus dégradés, la restauration permet le rétablissement d’un écosystème fonctionnel et résilient. Dans ce cadre, deux méthodes principales de restauration sont recommandées : la restauration par dynamique naturelle sans ensemencement ou la restauration par ensemencement. La dynamique naturelle, plus longue, est préférable pour des pelouses et prairies non fourragères. Elle consiste à laisser la végétation spontanée s’installer petit à petit sur une parcelle, avec un suivi annuel de l’évolution de la végétation, et quelques interventions ciblées pour orienter la trajectoire de la végétation (ex : arrachages manuels de plantes indésirables). Elle a pour avantage d’être peu coûteuse et de permettre le développement d’un riche patrimoine génétique. Dans certains cas, il est préférable d’avoir recours à la restauration par ensemencement : lorsque le milieu ne présente pas de banque de graines nécessaire à la végétation spontanée, ou lorsque la production de fourrage constitue un objectif à court terme. Il est alors important d’avoir recours à des semences locales, provenant de parcelles ayant le même contexte physique (sol, pente, exposition, humidité, hydrologie, etc.) et agricole. L’altitude des parcelles d’où sont extraites les graines utilisées pour l’ensemencement peut être légèrement inférieure à celle de la prairie restaurée, afin d’anticiper les effets de la hausse des températures moyennes en montagne. Il est essentiel d’agir avec prudence ici et d’évaluer le contexte local avant de transporter des graines et tout matériel végétal, car cela pourrait perturber les écosystèmes prairiaux spécifiques. Par exemple certaines graminées peuvent être concurrentielles et contribuer à la réduction de la biodiversité. Sur l’île de la Réunion, l’alternance entre les saisons sèche et humide implique une gestion saisonnière spécifique. Pendant la saison humide, un pâturage important permet de profiter de la croissance optimale des fourrages, tandis que le stockage de fourrage (en évitant les fauches trop courtes) pendant cette période prépare les éleveurs à la saison sèche. Il est enfin conseillé de créer des bandes de végétation, véritables zones tampons autour des prairies pour protéger contre l’érosion et limiter l’invasion par des espèces exotiques envahissantes. coûts et aides ressources clés Entretenir et restaurer les pelouses rases d’altitude Adaptation au changement climatique L’entretien et la restauration des pelouses rases d’altitude, souvent utilisées à des fins pastorales, permettent de diminuer plusieurs impacts du changement climatique. Les systèmes racinaires développés par les pelouses aident à maintenir la stabilité du sol et contribuent à en limiter l’érosion. Les pelouses jouent aussi un rôle dans la conservation du manteau neigeux en hiver. En effet, la végétation dense et basse agit comme un piège à neige, ralentit sa fonte et favorise une rétention plus longue. Entretenir et restaurer ces pelouses rases permet par ailleurs de réduire les risques d’inondation et de sécheresse par la régulation du cycle de l’eau. Les pelouses agissent comme des régulateurs naturels en absorbant l’eau pendant les précipitations et en la libérant progressivement dans le sol et les cours d’eau. Cela participe au rechargement des nappes souterraines et au maintien des cours d’eau. Gain en biodiversité La préservation des pelouses rases d’altitude favorise la biodiversité en offrant une source essentielle de nourriture, d’abris et de sites de reproduction pour de nombreuses espèces d’insectes, d’oiseaux et de mammifères. Ces pelouses abritent également une diversité remarquable d’espèces végétales, dont certaines sont endémiques à ces écosystèmes. Préserver les pelouses rases permet donc de limiter les effets du changement climatique qui ont tendance à favoriser l’homogénéisation des espèces végétales au détriment de la diversité nécessaire au maintien du fonctionnement des écosystèmes – par exemple les plants à port en rosette essentiels à la captation de l’eau. À l’inverse, les graminées prolifèrent, provoquant des effets en cascade pour la faune et la flore (par exemple des impacts sur la reproduction des pollinisateurs, les graminées ne possédant pas de nectar). Plus de 400 espèces végétales, trouvées principalement en haute altitude, sont endémiques aux Alpes. CHM France Les pelouses sèches abritent 26 % des plantes protégées de France. Conservatoire d’Espaces Naturels Franche-Comté 50 à 75 % des pelouses sèches auraient disparu depuis le début du xxe siècle. SCoT Rives du Rhône Autres bénéfices pour le territoire et ses habitants L’entretien et la restauration des pelouses rases d’altitude sont bénéfiques pour les territoires et leurs habitants à plusieurs égards. Tout d’abord, ces pelouses fournissent des pâturages estivaux pour les éleveurs locaux, contribuant ainsi à maintenir leurs activités agricoles traditionnelles et à assurer une source de revenu. Ces pelouses améliorent la qualité esthétique du paysage, ce qui en fait des destinations plus attrayantes pour les résidents et les visiteurs, favorisant ainsi le développement du tourisme local et générant des retombées économiques pour la région.