adaptation au changement climatique gain en biodiversité autres bénéfices pour le territoire et ses habitants Pourquoi c’est important ? Les forêts occupent une grande partie des massifs de l’Hexagone et d’Outre-mer. Elles fournissent aux territoires de nombreux avantages et services tels que la production de bois, la protection des sols et la régulation du régime hydrique. Elles ont aussi une forte valeur culturelle et accueillent des activités de loisirs diverses, elles sont également un moyen direct de subsistance pour certaines populations. Or, en France hexagonale comme en Outre-mer, ces forêts sont menacées par le changement climatique et les activités humaines. Dans les forêts de montagnes en France hexagonale, on constate déjà une remontée des espèces communes liée à la hausse moyenne des températures. Ce phénomène, amené à s’intensifier, se fait au détriment d’essences subalpines et de résineux, et entraîne une perte de biodiversité, une perte de valeur paysagère, et une diminution de la production de bois. Dans les forêts de montagne en Outre-mer, le changement climatique entraîne leur exposition croissante aux phénomènes extrêmes (cyclones, pluies intenses, etc.), altère les cycles saisonniers et le régime des précipitations. Les menaces qui pèsent sur le Tamarin des Hauts à la Réunion en sont un exemple illustratif : prédatés par les psylles, l’impact de cet insecte est renforcé par un retard de la saison des pluies qui permet de lessiver les feuilles des arbres. Enfin, les incendies et la déforestation constituent deux autres menaces significatives en Outre-mer. Couplée à l’appauvrissement de la diversité biologique, l’augmentation des températures fragilise les forêts et les rend plus vulnérables à la multiplication des parasites et des pathogènes tels que les chenilles processionnaires du pin qui progressent vers le nord et en altitude, ou les termites tropicaux en Outre-mer. Sur tous les territoires de montagne, le changement climatique modifie le développement saisonnier des espèces végétales et animales. Le rythme de vie des arbres est modifié et peut se trouver désynchronisé du cycle de vie d’espèces jouant un rôle clé dans leur développement. Par exemple, la reproduction des arbres peut être perturbée par la désynchronisation de leur rythme de vie et de celui des pollinisateurs. Ce problème concerne particulièrement les forêts tropicales et les territoires ultramarins français, qui constituent un tiers des forêts françaises (source : Observatoire des forêts françaises). Face à ces évolutions climatiques rapides déjà observables, les mécanismes d’adaptation naturels des forêts, en particulier des forêts de montagne, sont trop lents. L’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) constate en effet dans son inventaire forestier national une hausse de la mortalité des arbres de 80 % en 10 ans (source : Vie publique, 2023) . Les forêts, essentielles au fonctionnement de nombreux territoires de montagne, sont donc sujettes à d’importants défis climatiques. Pour y faire face, il est indispensable de les aider à renforcer leur résilience. En quoi cela consiste ? Pour renforcer la résilience des forêts de montagne au changement climatique, il est recommandé de les rendre plus hétérogènes et de créer des « forêts mosaïques », particulièrement en France hexagonale. Une « forêt mosaïque » est une forêt rendue plus résistante grâce à la grande diversité des âges et des espèces d’arbres qui la composent. Caractérisée par un important patrimoine génétique, elle remplit des fonctions de protection contre les risques naturels et de support de la biodiversité. Cette approche s’applique à tous les écosystèmes forestiers, notamment les forêts de montagne. Trois critères permettent de définir une « forêt mosaïque » : • une diversité accrue d’essences avec une priorité donnée aux essences résilientes face au changement climatique et permettant de diminuer les risques associés ; • une hétérogénéité des structures et des peuplements sylvicoles ; • une alternance d’espaces boisés et de milieux ouverts. Ces critères peuvent être intégrés dans les objectifs de plans de gestion durable ou de restauration d’espaces forestiers. En montagne, où la protection contre les risques gravitaires (avalanches, glissements de terrains, etc.) est un enjeu d’adaptation majeur, certaines techniques de gestion et de restauration de forêts diversifiées peuvent être privilégiées, telles que : • L’accompagnement de la régénération naturelle vers un mélange d’essences indigènes : des feuillus pour faire obstacle aux projectiles rocheux en mouvement, des résineux pour stabiliser le manteau neigeux face aux avalanches, ainsi que des buissons et des arbres à enracinement plus profond (aulnes, chênes, sapins, etc.) pour limiter les glissements de terrains superficiels. • Le reboisement des versants dégradés ne pouvant se reconstituer naturellement, il s’agit de mélanger des espèces indigènes et adaptées aux conditions climatiques. Cela permet de restaurer plus rapidement des peuplements stables en capacité de réduire les risques gravitaires. coûts et aides ressources clés Reboiser ou gérer les versants de montagne dégradés avec des forêts plus diversifiées Adaptation au changement climatique Les forêts sont des alliées pour lutter contre les risques naturels. Elles améliorent la perméabilité et la stabilisation des sols grâce à leurs racines, et permettent donc de prévenir l’érosion des sols, les glissements de terrain, les inondations. En montagne, les houppiers des arbres interceptent les précipitations neigeuses tandis que les troncs des arbres stabilisent le manteau neigeux, ce qui permet une réduction de la fréquence et de la force des avalanches dans les zones boisées. Les bienfaits des milieux forestiers face aux conséquences du changement climatique sont plus importants lorsque les essences sont adaptées aux conditions locales et au climat changeant, et qu’elles sont diversifiées. Les forêts avec une variété d’essences et de classes d’âge ont tendance à avoir une structure plus complexe et moins uniforme, ce qui peut également ralentir la propagation des incendies. Certaines espèces sont d’ailleurs reconnues pour être faiblement inflammables et peuvent limiter la propagation du feu (source : UICN, 2022). 14 % des forêts de l’espace alpin présentent une fonction potentielle de protection contre les chutes de blocs. Parmi elles, 80 % contribuent à atténuer le risque sur le réseau routier, et 55 % limitent le risque sur les bâtiments. UICN, 2022 gain en biodiversité La gestion et la restauration de forêts diversifiées et hétérogènes sur les versants de montagne dégradés permettent de reconstituer une grande diversité de structures végétales, d’habitats et de micro-habitats pour une multitude d’espèces animales et végétales. De surcroît, plus la diversité des arbres est grande, plus la complexité des interactions écologiques est riche. La pollinisation, la dispersion des graines, et les symbioses racinaires avec les champignons sont des exemples d’interactions qui peuvent être renforcées par une diversité forestière élevée, entraînant une plus grande biodiversité globale. Par exemple, la réintroduction d’espèces végétales indigènes ou endémiques favorise le développement des espèces animales locales qui dépendent de ces végétaux pour se nourrir, s’abriter ou se reproduire. Enfin, les forêts diversifiées sont plus résistantes aux dégâts causés par certains ravageurs et pathogènes. Ces derniers sont souvent spécifiques à une seule espèce d’arbre (comme les scolytes, dont chaque type s’attaque à une essence d’arbre particulière), plus difficile à reconnaître par ces ravageurs lorsqu’elle est mélangée avec d’autres espèces car mieux dissimulée. La diversification des forêts favorise également l’installation de prédateurs naturels comme les oiseaux, chauve-souris ou araignées qui participent au contrôle des populations de ravageurs. Autres bénéfices pour le territoire et ses habitants Une forêt plus diversifiée permet des usages et sources de revenu variés avec la mise en place d’activités économiques durables, comme le sylvopastoralisme ou l’apiculture, en complément de la production de bois. Pour les acteurs de la filière bois, la diversification des essences forestières dans les forêts de production assure un approvisionnement constant de l’industrie locale du bois et sécurise les cours des différentes essences. Les forêts diversifiées offrent également un cadre privilégié pour l’écotourisme et des activités récréatives comme la randonnée et l’observation de la faune.